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L’Afrique : entre attractivité et déficit de financement

Tenu du 2 au 4 novembre à Abidjan, l'African Investment Forum dresse un bilan positif de l'attractivité de l'Afrique vis-à-vis des investisseurs. Son de cloche plus pessimiste en revanche en ce qui concerne le financement de l'adaptation climatique, qui accuse un déficit flagrant selon le Global Center on Adaptation.

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Les Markets Days de l’Africa Investment Forum récoltent 32 Md€ d'intérêt des investisseurs

Grâce à son énorme potentiel (notamment démographique et agricole, couplé à des coûts de productivité relativement bas), le continent africain demeure attractif pour les investisseurs, en dépit des chocs exogènes et des contextes nationaux complexes, à commencer par la pandémie (qui a compromis la croissance soutenue qu’il enregistrait depuis un quart de siècle) et la guerre russo-ukrainienne (qui menace d’engendrer une crise alimentaire aiguë dans plusieurs pays). Telle est la principale conclusion de la session « Commerce et investissement - Comment l'Afrique peut-elle être plus compétitive dans un contexte mondial ? », organisée lors de la troisième édition de l’Africa Investment Forum, événement organisé par la Banque africaine de développement (BAD) et constituant la principale plateforme d’investissement du continent, qui a eu lieu du 2 au 4 novembre à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Représentant un marché de 1,3 milliard de consommateurs, la Zone de libre-échange continental africaine (ZLECAf) - pas encore totalement opérationnelle - devrait en outre rendre le continent plus compétitif à l'échelle mondiale pour les investissements étrangers directs et libérer les flux commerciaux. Comme l’a rappelé son secrétaire général, Wamkele Mene, certains coûts de transactions ont d’ailleurs déjà baissé depuis l’entrée en vigueur de l’accord. Les intervenants ont souligné que si les institutions financières africaines ont un rôle important à jouer pour les investissements à long terme en Afrique, c’est aux pays africains de mettre en place un environnement favorable aux investissements nationaux et internationaux.

L’Africa Investment Forum a également hébergé l’événement Market Days, sous le thème : « Construire la résilience économique par des investissements durables ». Il a attiré 32 Md€ (31 Md$) d’intérêt de la part des investisseurs africains et mondiaux, après les 34 Md€ (32,8 Md€) générés par l’édition 2021, qui ont eu lieu en mars de cette année sous forme de boardrooms distancielles, soit un total de 66 Md€ (63,8 Md$) en intérêt d’investissement en 2022.  Selon les partenaires fondateurs de l’Africa Investment Forum - dont font partie entre autres la Banque Africaine de Développement (BAD) et la Banque Européenne d’Investissement (BEI) - les résultats de cette année ont dépassé les attentes, et ce d’autant plus si l'on prend en compte le contexte géopolitique et économique.

 

Financement de l'adaptation au changement climatique : un déficit criant

© Adobe Stock

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Le rapport 2022 sur l’état et les tendances de l’adaptation au changement climatique en Afrique, publié le 4 novembre par le Global Center on Adaptation (GCA), une organisation internationale basée à Rotterdam œuvrant comme courtier de solutions pour accélérer l'action et le soutien aux solutions d'adaptation climatique, tire la sonnette d’alarme au sujet du déficit du financement en la matière sur le continent. Si l’on cumule les sommes prévues en faveur de l’adaptation climatique en Afrique avant 2030, cela représente moins du quart des besoins prévisionnels énoncés par les pays africains dans leurs contributions déterminées au niveau national (CDN). On estime en effet que 54 Md€ (52,7 Md$) par an sont nécessaires aux pays africains d’ici la prochaine décennie. Or, entre 2019 et 2020, seulement 12 Md€ (11,4 Md$) auraient été alloués au financement de l'adaptation climatique en Afrique, une somme provenant à plus de 97 % proviennent d'acteurs publics. Plusieurs recommandations sont listées par les auteurs dans l’optique de renforcer le volume et l'efficacité des flux de financement de l'adaptation en Afrique pendant les dix prochaines années : l’incorporation par les institutions financières de la notion de résilience dans leurs investissements, la création par les décideurs politiques et autres parties prenantes d’un environnement favorable aux investissements en matière d'adaptation ; une innovation financière pour l'adaptation qui doit refléter les politiques et les conditions du marché au niveau national.

Patrick Verkooijen, Global Center on Adaptation (GCA)

Patrick Verkooijen, Global Center on Adaptation (GCA)

Commentant l'étude, Patrick Verkooijen, P-dg du GCA, a conclu : « Le financement de l'adaptation progresse trop lentement pour permettre de combler le déficit d'investissement en Afrique, alors même que les frais de notre inaction ne cessent d'augmenter. Dans la perspective de la COP27, nous devons susciter un élan décisif en faveur du financement de l'adaptation au changement climatique. Le programme d'accélération de l'adaptation en Afrique, soutenu par l'Union africaine, est le meilleur moyen à notre disposition pour faire en sorte que le déficit d'investissement dans l'adaptation en Afrique se résorbe grâce à l'action de toutes les sources disponibles, y compris le secteur privé ».

 

Et aussi...

  • Selon le rapport annuel de la Fondation Afrique-Europe (AEF), les relations entre les deux continents se sont détériorées notamment du fait des réponses inéquitables à la pandémie depuis 2020 et l'échec du financement du climat. Les auteurs considèrent néanmoins que « qu'en dépit, ou en raison, de l'évolution de la géopolitique mondiale, un partenariat Afrique-Europe solide reste le moyen le plus efficace de résoudre les crises interconnectées que sont l'inflation, l'accès à l'énergie, l'insécurité alimentaire et le changement climatique ». Sont ainsi passées en revues les priorités sur lesquelles doivent se focaliser les actions, à commencer par le soutien des chaînes agroalimentaires locales et la conclusion de nouveaux engagements en matière d’adaptation climatique.
  • D'après le premier rapport d’activité et de responsabilité sociétale (RARES) « 100 % Objectifs de développement durable (ODD) », l'Agence Française de Développement (AFD) a financé l'an dernier plus de mille projets dans cent quinze pays en faveur des ODD des Nations unies, pour un montant total de 12,15 M€. L'Afrique a concentré près de la moitié des engagements de l’organisation, soit 5,2 Md€.

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