Semin s’approche de son bicentenaire. Et pourtant, l’entreprise de fabrication de produits servant à poser des plaques de plâtre (colles, enduits, profilés métalliques…) est toujours aux mains de sa famille fondatrice. Elle est même dirigée par un membre des cinquième et sixième générations, Philippe Semin, le président et père de Caroline Semin, directrice générale. Mais la société basée à Kedange-sur- Canner, en Moselle, et aujourd’hui forte de 240 M€ de chiffre d’affaires fait pour la première fois entrer des investisseurs à son capital. A l’issue d’un mandat confié à Adviso, Semin accueille GEI, Bpifrance et BNP Paribas Développement en tant que minoritaires dans son tour de table. Les trois investisseurs miseraient 25 M€ à l’occasion d’une augmentation de capital, selon nos informations. Le fonds d’entrepreneurs du quart nord-est de la France, mènerait ce pool avec un ticket de 10 M€, alors que Bpifrance et BNP Paribas apporteraient 7,5 M€ chacun. Ce trio se partageraient ainsi quelque 15 % du capital, laissant donc un large contrôle de l’entreprise à la famille fondatrice. L’enveloppe totale serait même supérieure grâce à une dette apportée par Bpifrance et BNP Paribas.
Une première croissance externe
« Le groupe coche beaucoup de cases, car très innovant, en croissance, rentable, tourné vers l’international et avec un binôme de dirigeants de grande qualité et très complémentaire à sa tête, éclaire Michaël Chicheportiche, associé chez Adviso Partners. De très nombreux fonds, de types assez variés, se sont montrés intéressés par cette opération. Le profil d’investisseurs de long terme de GEI, Bpifrance et BNP Paribas Développement a séduit Philippe et Caroline Semin. Cela va leur permettre d’accélérer leur développement avec des ambitions fortes, tant en France qu’à l’international, en organique ou par le biais de croissances externes. » Une première acquisition a d'ailleurs déjà été signée : Buitex. Semin s'empare de 100 % du capital de cette société basée à Roanne et qui était détenue par la famille Buisson depuis quatre génération. Employant 40 collaborateurs, pour un chiffre d'affaires de 12 M€, elle est spécialisée dans le recyclage de textiles pour la fabrication d'isolants. Le groupe mosellan regarde d'autre potentielles acquisitions afin d'alimenter sa croissance. Mais il est aussi actif sur les développements organiques, il va prochainement ouvrir une nouvelle usine en Pologne, afin d'accélérer en Europe de l'Est. Des réflexions seraient aussi menées pour élargir le tour de table à des cadres clés du groupe qui compte aujourd'hui 900 collaborateurs. Ce nombre est à comparer aux douze personnes que comptait l'entreprise familiale en 1982, lors de l'arrivée de Philippe Semin.
Cap vers 1 Md€ de revenus ?
Reconnu pour les produits pour la pose de plaque de plâtre, Semin fabrique 200 000 tonnes d’enduit par an. Mais il est propose aussi d'autres matériaux et accessoires pour la rénovation des sols et des murs (joins carrelage, lisseurs…). Face à un secteur de la construction qui se tourne de plus en plus vers des matériaux écoresponsables, le groupe porte de fortes ambitions sur ce marché. « L’acquisition de Buitex nous permet de nous déployer de manière rapide et forte sur le marché des isolants biosourcés, qui est un nouveau marché pour nous, explique Caroline Semin, directrice générale du groupe. Cette entreprise dispose de cinq lignes industrielles en France et elle maîtrise l’ensemble de la chaîne de valeur, de la collecte du textile en circuits courts, à l’effilochage, puis sur la fabrication d’isolants écoresponsables. Ce nouvel axe de diversification a un potentiel très important pour l’avenir de SEMIN au vu des enjeux liés à la rénovation énergétique des bâtiments, avec des synergies fortes puisque les distributeurs et les artisans poseurs sont les mêmes que ceux que nous touchons avec nos produits historiques. Nous estimons que cela peut représenter la moitié de notre activité à terme. » Sur la base de Buitex, mais aussi d'autres investissement (organiques et build-up), il espère que les isolants biosourcés vont tracter 50 % de son chiffre d'affaires d'ici 10 ans. A date, il espère afficher 1 Md€ de revenus, soit quatre fois son niveau d'activité actuel. Pour y parvenir, Semin investit ainsi près de 2 % de son chiffre d’affaires dans la R&D, ce qui lui permet aussi de « verdir » ses produits historiques. Il a récemment sorti une première gamme d’enduits produite avec plus de 99% de matières premières naturelles, et labellisée Origine France Garantie. L'international doit aussi jouer un rôle moteur dans sa croissance. Alors qu’il génère déjà 40 % de ses ventes à l’export, le groupe ambitionne de franchir le cap des 50 % d’ici cinq ans.