La deuxième levée de fonds d'HarfangLab s'est déroulée dans un contexte très différent de l'euphorie dans la tech lors de son tour d'amorçage en 2021. Si le processus auprès des VCs, conduit par Clipperton, a pris davantage de temps, en l'occurence six mois, il s'est bouclé au milieu du mois d'août sur un montant significatif pour une série A. L'éditeur d'un logiciel de cybersécurité luttant contre les attaques sur ordinateurs et serveurs lève 19 M€ en augmentation de capital, auxquels s'ajoutent 6 M€ de financement non dilutif. Crédit Mutuel Innovation entre en chef de file, devant MassMutual Ventures, le fonds de l'assureur américain MassMutual, et l'historique Elaia Partners. La valorisation retenue porterait sur un multiple de l'ordre de 12 fois l'ARR, soit légèrement au-delà de 100 M€ selon nos informations. MassMutual Ventures a commencé à investir en Europe l'année dernière et HarfangLab y constitue sa dixième ligne mais la première en France. « Pour ce tour, nous cherchions un investisseur étranger, mais qui ne serait pas lead. MassMutual, dont le profil de mutuelle le rapproche de Crédit Mutuel Innovation, dispose de gros moyens sans être intrusif », assure Grégoire Germain, président co-fondateur de la start-up.
Plus de 10 M€ d'ARR
HarfangLab protège quelque 800 000 postes de travail et serveurs de 250 clients, et a pratiquement triplé son effectif depuis son amorçage, à 85 personnes. À Safran se sont ajoutées d'autres entreprises de la défense, et des acteurs publics comme des ministères et des hôpitaux. Sa stratégie de distribution indirecte, désormais privilégiée, via une trentaine de partenaires comme Thalès, Capgemini et Orange, lui a ouvert le marché des PME et ETI. La part de clients privés progresse et s'élève actuellement à 60 %. Ses revenus annuels récurrents devraient dépasser la barre des 10 M€ cette année.
Une solution rivalisant avec les géants de la cybersécurité
La précédente levée de fonds a permis de « porter le produit à maturité, ce que les résultats des tests MITRE ATT&CK ont confirmé récemment », selon le dirigeant. Ces évaluations américaines ont placé l'entreprise 12e sur 29 participants en pourcentage de détection d'attaques, derrière des poids-lourds de la cybersécurité comme Crowdstrike ou Palo Alto Networks, au coude-à-coude avec SentinelOne et Trend Micro, et bien devant Symantec et le français Tehtris parmi d'autres. HarfangLab poursuivra la consolidation de sa technologie et de son infrastructure afin de réussir sa montée en charge. Si son cloud est chez OVH, ses clients sont libres d'opter pour des hébergements dans des cloud publics ailleurs dans le monde ou sur leur propre infrastructure.
Premier pied en Allemagne
Son équipe commerciale, formée à partir du 2022, regroupe dix salariés et devrait tripler dans douze à dix-huit mois. Une personne a été recrutée en Allemagne le mois dernier, avant la création d'un bureau local en 2024 si l'activité le justifie. L'ambition internationale ne se limite pas à l'Europe puisque l'éditeur parisien a des projets d'alliance outre-Atlantique. Il envisage aussi de recourir à la croissance externe.