Comme aux plus belles heures de 2021, Mistral AI signe deux tours en moins de 12 mois et devient licorne. Un parcours remarquable en cette période morose pour le financement de la tech, d'autant plus que l'immatriculation de la jeune pousse d'intelligence artificielle générative date de fin avril. Elle lève une série A de 385 M€ en deux tranches, menée par le nouvel entrant a16z (Andreessen Horowitz), devant un autre VC californien, Lighstpeed Venture Partners, déjà actionnaire et qui renforce significativement sa participation de plus gros fonds actionnaire. Le ticket d'a16z serait supérieur à la moitié du tour. Se font aussi une place au capital General Catalyst, Emerson Collective, Conviction, Salesforce, BNP Paribas, CMA-CGM et le business angel Elad Gil, co-fondateur de Color Genomics. Tous les investisseurs déjà au capital ne remettent pas au pot, contrairement, parmi d'autres restés anonymes, aux français Bpifrance, New Wave et Motier Ventures, à l'allemand La Famiglia, au belge Sofina et à Eric Schmidt, l'ancien patron de Google.
2 Md€ de valorisation
En dépit de la taille du tour et de la conversion d'OC du tour d'amorçage de 105 M€, les trois fondateurs Timothée Lacroix, Guillaume Lample et Arthur Mensch restent actionnaires majoritaires. L'enveloppe de 385 M€, incluant une très faible part de cash-out, valorise la deeptech autour de 2 Md€, contre 240 M€ lors de l'amorçage en juin. « Les moyens nécessaires en termes d'infrastructure pour l'IA générative justifient des montants plus élevés que pour des éditeurs de logiciels Saas traditionnels. L'autre élément à prendre en compte est le potentiel de développement de l'entreprise. Ici, la technologie d'IA générative a la capacité de favoriser des gains de productivité considérables et Mistral AI peut y participer. Il existe donc plusieurs ingrédients pour créer une des sociétés technologiques les mieux valorisées », estime Antoine Moyroud, associé chez Lightspeed Venture Partners. Il s'agit de la troisième licorne née cette année dans l'Hexagone, après Verkor et Aledia, aux profils nettement plus industriels.
22 salariés
L'entreprise de 22 salariés à date a choisi l'open source pour rendre accessible au plus grand nombre ses modèles de langage, entrainés sur une base de données de pages web. Ils sont donc proposés aux développeurs du monde entier afin de s'en servir pour créer des applications. Pour cela, Mistral AI lance sa plateforme couplée à une interface de programmation (API), utilisée dès à présent par certains clients et ouverte à tous début 2024. Celle-ci permettra d'intégrer ses deux modèles de génération de texte, dont le second vient d'être lancé, dans les futurs produits de développeurs. La licorne française n'est pas la seule entreprise européenne à conjuguer levée à trois chiffres en millions et positionnement open source, contrairement au pionnier américain OpenAI ou à Google par exemple. Elle concurrence l'allemand Aleph Alpha, qui a fait part il y a un mois d'une série B de 486 M€. Deux acteurs directement concernés par le nouveau cadre européen sur l'IA que le Parlement et le Conseil représentant les gouvernements ont adopté il y a trois jours. Cette législation, une première dans le monde, vise un équilibre entre protection des droits fondamentaux et encouragement de l'innovation européenne dans l'IA, mais les détails du texte restent encore inconnus.