Comme toujours en amorçage, les premiers investisseurs de Nabla, une quinzaine de business angels de premier plan, avaient misé avant tout sur une équipe d'entrepreneurs. À commencer par Alexandre Lebrun et son associé Laurent Landowski, ayant à leur crédit la création de deux start-up dans l'intelligence artificielle, VirtuOz et Wit.ai, cédées à Nuance et Facebook respectivement. Depuis la série A de 15 M€, annoncée en avril 2021 mais réalisée peu avant le Covid, le chemin fut long et sinueux, et l'application de « clinique » en ligne pour les femmes, pensée pour constituer des jeux de données, n'existe plus depuis un an. Son nouveau produit s'adresse aux médecins souhaitant rédiger, grâce à l'IA générative « ambiante », c'est-à-dire qui écoute son environnement, leurs compte-rendus médicaux. C'est sur ce « Nabla Copilot » que la jeune entreprise innovante née en 2018 a levé 22 M€ le lendemain de Noël. Cathay Innovation, via son fonds III dont une poche est dédiée à l'IA, injecte plus de 20 M€, devant CMA CGM via le fonds de son accélérateur Zebox Ventures. Cette augmentation de capital s'effectue sur une valorisation post-money de 162 M€.
Seconde tranche américaine fin février
Pas besoin de leveur pour trouver des investisseurs motivés, en particulier après l'annonce, lors de la conférence santé HLTH à Las Vegas en octobre, d'un contrat avec Kaiser Permanente, gestionnaire américain d'établissements de santé employant 10 000 médecins. « Après cette signature, promesse d'un déploiement massif de notre solution, nous avons réfléchi à une nouvelle levée, même s'il restait de l'argent à la banque. Quand plusieurs fonds nous ont approchés à la conférence HLTH, nous avons rappelé Cathay, positionné depuis plusieurs mois et nous ayant ouvert des portes aux États-Unis », détaille la co-fondatrice Delphine Groll. Afin de laisser le temps à des fonds américains dans la santé d'investir, le tour sera rouvert aux mêmes conditions d'ici fin février pour une seconde tranche de 10 M$. Ce sera l'occasion pour les plus gros investisseurs du tour précédent avec 6 M€ chacun, NJJ Capital (Xavier Niel) et Artémis (famille Pinault), de remettre au pot, étant entendu qu'ils devront laisser la place si nécessaire.
15 M€ d'ARR visés fin 2024
Plus de 20 000 médecins utilisent Nabla pour générer leurs compte-rendus, dont seulement 5 % nécessiteraient des corrections selon la start-up. En rythme annuel, quelque trois millions de consultations sont retranscrites. Si l'éditeur travaille par exemple sur une expérimentation avec l'APHP en France et a des clients au Royaume-Uni dont Hurley Group et Circle Health, c'est aux États-Unis qu'il perçoit la plus forte traction. Il y facture chaque praticien 119 $ par mois, contre 69 € en France. Fin 2024, il compte atteindre 15 M€ d'ARR.
Équipe commerciale à New York
Pour s'imposer outre-Atlantique, Nabla créera à New York son équipe commerciale et marketing, la technique restant à Paris. Son logiciel d'IA est accessible directement aux médecins pouvant l'utiliser gratuitement dans une certaine limite. À ce moteur marketing s'ajoutent des partenariats avec des éditeurs de plateformes de gestion des dossiers médicaux, comme NextGen Healthcare, qui paient le français en fonction de leurs ventes. La création de compte-rendus n'est qu'un début pour Nabla, qui ambitionne de développer un assistant du médecin dans ses tâches non médicales. En l'aidant par exemple à éditer des factures à partir de la nomenclature des actes médicaux, ou à envoyer ses instructions au patient après son rendez-vous. À terme, il espère pouvoir suggérer au docteur des questions à poser au malade pendant la consultation, nécessitant pour cela d'être homologué comme matériel médical.