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Asie : Sodiaal, Bank of China, Le Cristalia, Salomon...


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L'usine à Carhaix de Sodiaal et de Synutra

L'usine à Carhaix de Sodiaal et de Synutra

Chronique Asie, CFNEWS

Agroalimentaire : Synutra / Sodiaal (Chine / France)

Le groupe coopératif Sodiaal de près de 5 Md€ de chiffre d’affaires a repris les activités de transformation du site de poudres de lait infantiles de Carhaix (Finstère) avec 180 salariés inclus dans ce périmètre auprès de son partenaire chinois Synutra. Les activités de mélange et de conditionnement restent entre les mains de Synutra demeurant toujours client de la coopérative tricolore. Né en 2012, le site de Carhaix, l’un des plus importants en Europe avec une surface de 38 000 mètres carrés, était détenu par le chinois Synutra à 90 % avec un ticket initial de 90 M€, Sodiaal n’avait qu’une participation minoritaire (10 %) à travers sa filiale Eurosérum. La production avait été démarrée quatre ans plus tard avec un investissement cumulé d’environ 200 M€. Le résultat n’a pourtant pas atteint la hauteur de l’objectif prévu. Synutra avait signé un contrat d’approvisionnement sur l’achat de 288 millions de litre par an de lait cru auprès des producteurs de la coopérative, soit environ 700 éleveurs, l’objectif de la production avait été fixé à 100 000 tonnes de lait en poudre. Mais la vente était en réalité inférieure à l’objectif, le chinois avait ainsi négocié la réduction de moitié de cet approvisionnement à 350 éleveurs. D’après le journal L’Ouest-France, l’usine a déjà cumulé plus de 38 M€ de dettes auprès de ses fournisseurs jusqu'en mars 2017 et sa situation financière ne lui permettait pas d'obtenir de nouveau financement bancaire. Coté alors au Nasdaq, le groupe chinois Synutra communique peu de détail financier sur l’usine. Son dernier rapport financier publié remonte en 2016, un chiffre d’affaires 365 M$ pour un résultat de 20 M$. Comme il s’était retiré de la bourse américaine en 2017, aucun chiffre du groupe chinois n’est rendu public.

La coopérative Sodiaal qui recherchait quant à lui à augmenter ses capacités de production en lait infantile profite de la reprise de Synutra et entend gagner du temps sur son calendrier initial d'investissements industriels. Il a indiqué également dans le communiqué que cette acquisition serait une très bonne nouvelle pour les 20 000 adhérents de la coopérative, qui fournissent, depuis le démarrage de Synutra, les volumes de lait nécessaires et misent sur un renforcement rapide des volumes.

Services Financiers : Bank of China (Chine / France)

Bank of China Paris branch

Bank of China Paris branch

La branche parisienne de Bank of China a émis avec succès une obligation de 500 M€. Baptisée Arc de triomphe, l’obligation a pour objectif de soutenir les échanges économiques et commerciaux entre les entreprises chinoises et françaises et de de renforcer les liens financiers bilatéraux. Avec une échéance de trois ans et des taux d'intérêt fixes, elle a attiré de nombreux investisseurs et a été sur-souscrite 3,5 fois. L’obligation sera cotée sur Euronext.

Par rappel, la banque chinoise a déjà réussi des opérations sur le marché obligataire parisien. En 2014, elle avait émis une obligation offshore libellée en Renminbi (RMB), baptisée Arc de Triomphe, d’une valeur de 2 milliards de yuans (250 M€), cotée également sur Euronext. Cette obligation, sur-souscrite 3,65 fois, comprenais deux tranches, l’une de 1,5 milliard de yuans à échéance 2016, assortie d’un coupon de 3,5 %, l’autre de 0,5 milliard de RMB à échéance 2019 avec un coupon de 3,85 % (lire aussi notre chronique précédente).
Par ailleurs, en 2017, la banque chinoise avait réalisé une triple émission obligataire verte libellée en trois devises d’un montant total de 1,5 Md$, cotée sur Euronext Paris: 700 millions d'euros (3 ans, taux variable, assorti d’un coupon à Euribor 3 mois plus 47 points de base par an), 500 millions de dollars (5 ans, taux variable, assorti d’un coupon à Libor 3 mois plus 88 points de base par an) et 1 000 millions de yuans (3 ans, taux fixe de 4,5 %). L’obligation avait été certifiée par le Climate Bond Initiative (une institution basée à Londres), avait été abondée par plus de 230 investisseurs, pour un taux de souscription supérieur à plus de 2,6 fois (lire aussi notre chronique précédente).

Immobilier : Le Cristalia / Tishman Speyer (France / Corée du Sud)

Le Cristalia, JR AMC, Tishman Speyer

Le Cristalia, JR AMC, Tishman Speyer

Situé au cœur de Rueil-Malmaison, le Cristalia est repris par JR Cristalia OPCI, structure du sud-coréen JR AMC, auprès de Tishman Speyer. Conseillé par Balzac REIM, l'investisseur réalise sa première acquisition en France, dont le financement est accordé par Berlin Hyp. Conçue par l'architecte Jean-Paul Viguier et construit par Bouygues en 2002, la propriété se compose de trois immeubles imbriqués disposés en forme d’arc, et offrant une excellente flexibilité interne et totalisant une superficie locative totale de 22 000 mètres carrés répartis sur RDC et sept étages supérieurs et 651 places de parking.

Sport : Anta / Amer, Salomon (Chine / France, Finlande)

La marque française Salomon créée en 1947 à Annecy passe désormais sous pavillon chinois à la suite de l’OPA initiée en décembre dernier et bouclée la semaine dernière sur le finlandais Amer Sports, coté à Helsinki et propriétaire de nombreuses marques out-door. Emmené par le chinois Anta coté à Hong Kong, le consortium nommé Mascot Bidco Oy, comprenant également le fonds FountainVest Partners, Tencent Holdings et l’homme d’affaires canadien Chip Wilson, fondateur de Lululemon (célèbre marque d'habillement sportif et particulièrement celui destiné à la pratique du yoga), débourse 40 € par titre pour remporter la totalité du capital, soit 4,6 Md€ au total. Jusqu’ici, le consortium détient d’ores et déjà 94,38 % du capital et du droit de vote.

Le closing est prévu au courant du deuxième trimestre prochain. Le chinois Anta, conseillé par Citigroup, sera le plus important actionnaire avec 57,95 % du capital, aux côtés du fonds FountainVest (15,77 %), de Tencent (5,63 %) et du canadien Chip Wilson via Anamered Investments (20,65 %). Goldman Sachs a été mandaté par le finlandais Amer Sports. Cette coûteuse OPA vise des retombées juteuses, notamment pour profiter de l'engouement pour les sports d'hiver à l'approche des JO d'hiver de Pékin en 2022.

La cible, qui avait acquis en 2005 la marque française Salomon, a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 2,685 Md€ pour un Ebit de 215 M€ en comptant près de 9500 salariés. Elle coiffe de nombreuses célèbres marques internationales comme la canadienne Arc’Teryx, la française Salomon, l’américaine Wilson, la finlandaise Suunto et l’autrichienne Atomic etc. Quant à son nouvel actionnaire de contrôle, Anta Sports a réalisé un chiffre d’affaires de 24,1 milliards de yuans (environ 3,2 Md€) l’an précédent, en hausse de 44 %, et 4,1 milliards de yuans (540 M€) de résultat net.

Corporate Finance : Softbank (Japon / Amérique Latine)

Le conglomérat télécom nippon Softbank Group lance un nouveau véhicule, Softbank Innovation Fund, dédié aux technologies en Amérique Latine. Avec un objectif de levée de 5 Md$, le véhicule, couvrant l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, et le Mexique, devrait récolter 2 Md$ injectés par le japonais lui-même. Softbank n’en a pas encore dévoilé davantage pour le solde de 3 Md$, ni sur le lieu de l’implantation du fonds. Le véhicule sera épaulé par une nouvelle structure baptisée Softbank Latin America Local Hub, qui aura pour mission d’aider les entreprises du portefeuille de Softbank à s’implanter et à se développer en Amérique Latine. Par ailleurs, le méga-véhicule Softbank Vision Fund, doté de 100 Md€, co-investira aux côtés du nouveau véhicule. Le Bolivo-américain Marcelo Claure prendra la direction du véhicule tout en conservant ses fonctions comme COO de Softbank Group Corp, CEO de Softbank Group International et président exécutif de l’opérateur télécom américain Sprint.

Chimie : Haldor Topsoe / Temasek (Danemark / Singapour)

Le fonds souverain singapourien Temasek s’invite au capital de la société familiale danoise Haldor Topsoe. Entièrement détenue par la famille Topsoe jusqu’ici, la société, spécialisée dans l’ingénierie de catalyseurs pour divers secteurs comme la pétrochimie et la synthèse de l'ammoniac, cède 30 % du capital au fonds de Singapour pour un montant confidentiel et la famille danoise conservant son contrôle. Fondée en 1940, elle a enregistré un chiffre d’affaires de 5,011 milliards de couronnes danoises en 2017 (environ 670 M€). Le nouvel actionnaire minoritaire devrait aider son développement en Aise, notamment en Chine.
Pour cette opération SEB (Skandinaviska Enskilda Banken), Citi et Kromann Reumert ont conseillé Haldor Topsoe, Nomura et Plesner ont représenté Temasek.

Nomination : Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi

De gauche à droite : Thierry Bolloré, Jean-Dominique Senard (Renault), Hiroto Saikawa (Nissan) et Osamu Masuko (Mitsubishi Motors) Crédits: Alliance Communication

De gauche à droite : Thierry Bolloré, Jean-Dominique Senard (Renault), Hiroto Saikawa (Nissan) et Osamu Masuko (Mitsubishi Motors) Crédits: Alliance Communication

Après l’arrestation le 19 novembre de l’ex-grand patron, Carlos Ghosn, pour malversations financières, l’alliance regroupant trois constructeurs Renault, Nissan et Mitsubishi annonce un nouveau départ avec la nomination d’un nouveau président, Jean-Dominique Senard, qui est également président de Renault. Ce dernier réunira trois CEO des constructeurs : Hiroto Saikawa (Nissan), Thierry Bolloré (Renault) et Osamu Masuko, (Mitsubishi Motors), pour créer un nouveau conseil opérationnel, le seul organe de supervision des opérations et de la gouvernance, en lieu et place de Renault-Nissan BV (RNBV) et Nissan-Mitusbishi BV (NMBV). Ces deux structures néerlandaises chapeautaient les projets communs mais se sont aussi révélées être des entités opaques, présumées avoir été utilisées pour des paiements suspects ayant peu à voir avec les activités automobiles. Les accords formels de la création du nouveau conseil seront signés à l’occasion du vingtième anniversaire de l’Alliance cette année. Aucun changement capitalistique n’est pour l’heure envisagée entre ces trois constructeurs : Renault détient 43,4 % du capital de Nissan, Nissan 15 % de Renault (sans droits de vote) et 34 % de Mitsubishi Motors.

Bonne semaine !

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