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Asie : UPSA, Sumitomo, Tour Europe, Bio c' Bon, PVCP...


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Chronique Asie, CFNEWS

Pharma : UPSA / Taisho (France / Japon)

Le spécialiste des médicaments sans ordonnance (over the counter ou OTC, en anglais) UPSA rejoint son homologue nippon Taisho. Le groupe américain Bristol-Myers Squibb (BMS), propriétaire du laboratoire tricolore UPSA depuis 1994, le cède en empochant 1,6 Md$ (1,4 Md€). Le montant de l’opération, qui devrait être bouclée en juin prochain, est plus élevé que la valorisation qui était estimée autour d'1 Md€ selon des analyses. Quatre autres prétendants avaient participé aux enchères : les fonds PAI et Cinven, ainsi que deux spécialistes des OTC, l’allemand Stada et l’italien Angelini.

Fondée en 1935 et basée aujourd’hui à Rueil-Malmaison, la cible fabrique 332 millions de boîtes produites par an pour un chiffre d’affaires de 425 M€, dont près de 50 % destiné à l’export. Avec une équipe de plus de 1500 personne, elle dispose notamment d’un site industriel à Agen (Lot-et-Garonne) (plus de 1300 salariés) et d’un centre logistique et de distribution à Fontenay-sous-Bois. Le groupe français, cédé par sa famille fondatrice en 1994 à BMS, a dans son portefeuille des marques extrêmement connues telles que Efferalgan, Fervex ou Dafalgan.

Né en 1912, le nouveau propriétaire japonais Taisho est le premier acteur japonais de l’OTC avec une offre d’analgésiques anti-inflammatoires, de médicaments contre le rhume-état grippal et pour la croissance capillaire etc. Pour mémoire, il avait déjà acquis l’activité OTC en Indonésie de BMS, aujourd’hui cette activité s’est bien développée dans plusieurs pays d’Aise (Indonésie, Thaïlande, Malaisie, Philippines et Vietnam) ou encore en Mexique. Basée et cotée à Tokyo, Taisho, contrôlé par la famille Uehara, a enregistré un chiffre d’affaires de 2,2 Md€ avec environ 6000 salariés.

Energie : Sumitomo / Engie (Japon / France)

Le groupe japonais Sumitomo Corporation s’invite au capital de deux projets éoliens offshore posés de Dieppe Le Tréport (Seine-Maritime) et de Yeu Noirmoutier (Vendée) à hauteur de 29,5 %. Engie et EDPR restent toujours actionnaires avec respectivement 31 % et 29,5 % du capital et le solde (10 %) pour la Banque des Territoires (Caisse des Dépôts). Le nouvel actionnaire japonais est déjà impliqué dans des projets de production d'énergie éolienne en mer en Europe, notamment deux projets au Royaume-Uni et un en Belgique, pour une capacité brute de 1,5 gigawatts (GW).

Éoliens offshore © Sumitomo

Éoliens offshore © Sumitomo

Les deux projets rassemblant 62 éoliennes pour chacun, d’un coût de construction de 4 Md€, se dotera d’une capacité de production de 992 mégawatt (496 mégawatt chacun) pour une durée de 25 ans, soit l'équivalent de la consommation de 1,64 millions d’habitants. Le gouvernement français a déjà donné novembre dernier son feu vert à l'exploitation de ces deux parcs éoliens en mer. En revanche, les autorisations de construction de n'ont toujours pas été toutes accordées. Par ailleurs, les projets ont surtout suscité de vives critiques des pêcheurs locaux et des écologistes pour une crainte de biodiversité. Des enquêtes publiques sont menées, certaines toujours en cours, certaines achevées mais les résultats devraient être publiés l’an prochain.

Six parcs éoliens en mer sont en projet en France, mais aucun ne produit pour l'instant de l'électricité. Selon AFP, trois des six projets au large des côtes françaises sont développés par EDF (Saint-Nazaire, Fécamp et Courseulles-sur-Mer) et deux par Engie. Les deux groupes français se sont associés à des groupes étrangers pour les développer. Le dernier projet (Saint-Brieuc) est développé par l'espagnol Iberdrola tandis qu'un appel d'offres est toujours en cours pour développer un parc au large de Dunkerque. L’attribution sera annoncée l’an prochain.

Immobilier : BlackRock Real Estate / la Tour Europe (États-Unis / France / Corée du Sud)

La tour Europe, à La Défense

La tour Europe, à La Défense

Entré dans le portefeuille de BlackRock Real Estate il y a deux ans, la tour Europe, cet actif voisin des tours Coeur Défense et Carpe Diem à La Défense, va passer sous pavillon asiatique. Selon CFNEWS IMMO, un investisseur sud-coréen s'est positionné en direct à un taux de 4,1 % (lire aussi l'article de CFNEWS IMMO : L'avenir de la tour Europe se dessine avec un Sud-Coréen).

Distribution : Bio c' Bon / Aeon (France / Japon)

Bio c' Bon magasin à Montreuil © BIO C'BON

Bio c' Bon magasin à Montreuil © BIO C'BON

Bio c' Bon s'adosse à un partenaire industriel. L'enseigne française de distribution de produits bio vient d'accueillir à hauteur de 19,9 % de son capital le groupe coté Aeon, leader de la grande distribution au Japon, avec lequel elle est engagée depuis 2016 dans une JV à parité (lire aussi l’article CFNEWS : Bio c' Bon partage son caddie). Au travers de celle-ci, les deux groupes ont déjà ouvert huit magasins, dont sept à Tokyo et un à Yokohama. Et si dix autres ouvertures sont programmées pour 2019, l'objectif affiché est d'atteindre, d'ici à trois ans, pas moins de 50 points de vente dans une dizaine de villes au Japon, où le bio est encore très peu développé. Notamment propriétaire des activités de Carrefour au Japon depuis plus de dix ans, Aeon qui a engrangé 61,1 Md€ de chiffre d'affaires l'an passé, est présent dans plusieurs pays en Asie comme la Chine, la Malaisie, le Vietnam, le Cambodge, Singapour ou encore la Corée du Sud.

Tourisme : PVCP / HNA Group (France / Chine)

Entré en 2015, le conglomérat chinois HNA, en restructuration, cède sa participation de 10 % dans Pierre & Vacances - Center Parcs (PVCP) au prix de 15,93 € par action (lire aussi l’article sur CFNEWS IMMO : Le fondateur de Pierre & Vacances se renforce au capital). Gérard Brémont, son fondateur et détenteur de 39,8 % du capital, renforce ainsi son contrôle. L’opération se réalise à travers la Société d’investissement touristique et immobilier (Siti), holding familial de Gérard Brémont, également président du conseil d'administration du groupe PVCP. La participation de Siti passera de 39,81 % du capital et 53,78 % des droits de vote à 49,81 % du capital et 64,91 % des droits de vote. En parallèle, le chinois HNA devrait également céder ses parts de 60 % dans la JV chinoise créée avec PVCP, qui en détient 40 %. Des négociations sont avancées avec un nouveau partenaire.

Immobilier : La tour Ariane / GIC / Unibail-Rodamco-Westfield (France / Singapour)

La tour Ariane à La Défense - © Takuji

La tour Ariane à La Défense - © Takuji

Le groupe coté Unibail-Rodamco-Westfield a finalisé la cession de la tour Ariane au fonds souverain singapourien GIC. La propriété de plus de 64 500 mètres carrés situés au cœur du quartier d'affaires de La Défense se valorise un prix net vendeur de 464,9 M€ faisant ressortir une valeur métrique d’environ 7 200 €/m2 (lire aussi l’article CFNEWS IMMO & INFRA : La tour Ariane s’envole avec un fonds souverain et La Défense : déjà plus de 2 Md€ investis en six grandes transactions).

Energie : Engie / Glow (France / Thaïlande)

La participation de 69,1% détenue par Engie dans le thaïlandais Glow attirent des prétendants. En comptant de 800 salariés, la cible est un producteur d'électricité à partir de charbon et de gaz présent en Thaïlande ainsi qu'au Laos. Un journal local, le Krungthep Turakij a relevé que le groupe d'investissement américain I Squared Capital serait en lice pour reprendre cette part majoritaire. Pour rappel, en juin dernier, Engie et le groupe thaïlandais Global Power Synergy Public Company (GPSC) ont conclu l’accord pour cette cession au prix de 2,6 Md€. Mais quatre mois plus tard, l’opération n’a pas pu être menée à terme en raison du refus des autorités locales, qui estimaient que l'acquisition de Glow par GPSC aurait conduit à un monopole dans certaines zones industrielles et, par conséquent, aurait entravé la concurrence. La cession fait partie du objectif de 15 Md€ pour son plan de rotation d’actifs polluants sur la période 2016-2018 et la zone Asie Pacifique aurait contribué presque 5 Md€ à ce plan.

Automobile : Faurecia (France)

Cockpit Clarion

Cockpit Clarion

Pour financier l’acquisition de 63,8 % du capital du japonais Clarion pour environ 707 M€, l’équipementier automobile coté Faurecia émet un Schuldscheindarlehen (Euro PP) d’un montant de 700 M€ (lire aussi l’article CFNEWS : Faurecia embarque au Japon). L’opération refinance une partie du financement relais (bridge loan) qui sécurise intégralement le financement de l'acquisition, et fournit des liquidités à long terme à Faurecia. Elle est structurée en plusieurs tranches en euro et en dollar, avec des échéances de 4, 5 et 6 ans. La marge au-dessus des taux de référence, fixes ou variables, est en moyenne inférieure à 1,80 %, ce qui représente un coût de financement très attractif. La Commerzbank et Helaba (Landesbank Hessen-Thüringen Girozentrale) ont été les arrangeurs de l’émission, avec Raiffeisenbank International en tant que co-arrangeur.

LNG : Total / Inpex (France / Australie / Japon)

Le pétrolier coté Total cède sa participation de 4% dans le projet de gaz naturel liquéfié (GNL) Ichthys en Australie à son partenaire japonais Inpex pour 1,6 Md$. L’opération réduit à 26 % la participation de Total dans cet actif alors que son partenaire Inpex en détient 66,25 %. Situé au nord-ouest de l’Australie, Ichthys appartient à une série de projets de GNL au cours de la dernière décennie, dont la phase de construction a pourtant eu d'importants dépassements de coûts et retards. À pleine capacité, Ichthys fournira 8,9 millions de tonnes par an (Mtpa) de GNL et 1,65 Mtpa de gaz de pétrole liquéfié (GPL), ainsi que 100 000 barils de condensats par jour.

Energie : ABB Power Grids / Hitachi (Suisse / Japon)

Le conglomérat japonais Hitachi rachète 80,1 % du capital de l’activité power grids du groupe suisse ABB pour 714 milliards de yens (environ 6,3 Md$), ABB restant actionnaire avec ses 19,9 %. L’opération permettra au groupe suisse de simplifier son actuelle structure. Parmi les quatre futures divisions du groupe, deux sont les existantes Electrification et Mobilité, alors que celle d'Automation a été scindée en deux unités, industrielle et robotique. La cible, dont le nouveau nom n’est pas encore déterminé, emploie aujourd’hui 36 000 salariés repartis entre 100 sites industriels et 200 points de vente pour un chiffre d’affaires de 10 Md$ et un Ebita d’1 Md$.

Nomination : Lazada (Singapour)

Le Français Pierre Poignant prend la direction de l’e-commerçant de l’Asie du Sud-Est Lazada, en succédant à Lucy Peng. Ce polytechnicien formé également au sein du MIT est l’un des cofondateurs de Lazada qui avait pour mémoire été progressivement acquis par le chinois Alibaba (lire aussi notre chronique précédent). Il a occupé les postes de directeur des opérations, directeur de la logistique et avait été nommé président exécutif en août dernier. Maximilian Bittner, un autre cofondateur de Lazada, a récemment été nommé CEO de Vestiaire Collective, place de marché de vêtements et accessoires haut de gamme d'occasion (lire aussi notre chronique précédent).

Télécom : Softbank Corp (Japon)

Softbank Corp, filiale télécom du conglomérat japonais Softbank de Masayoshi Son, a réussi son IPO sur la place boursière de Tokyo avec une levée de 23,5 Md$. Le groupe Softbank contrôle toujours sa filiale avec 63 % du capital. C'est le record de l’introduction en Bourse dans l’Archipel et la deuxième du monde derrière l’IPO du chinois Alibaba sur NYSE en 2014 avec 25 Md$ levés. Softbank Corp, aujourd’hui numéro trois des opérateurs télécom au Japon, inclut notamment les activités locales du britannique Vodafone, mal-en-point de l’époque et acquises en 2006. La première journée n’est pas bonne pour le groupe coté car son cours a chuté de 14,5 % pour atteindre 1282 yens, contre l’offre initiale de 1500 yens.

Et aussi :

  • L'unité numéro 1 de la centrale nucléaire de Taishan en Chine, mise en service, est devenue le premier EPR au monde à entrer en exploitation commerciale. La centrale nucléaire de Taishan, composée de deux réacteurs EPR de 1750 MW chacun, pourra fournir au réseau électrique chinois jusqu'à 24 TWh d'électricité sans CO2 par an, soit l'équivalent de la consommation annuelle de 5 millions de Chinois, tout en évitant l'émission d'environ 21 millions de tonnes de CO2 par an. Le projet est porté par TNPJVC, une joint-venture fondée par CGN (51 %), EDF (30 %) et l'électricien chinois provincial Yuedian (19 %). Le groupe EDF, via sa filiale Framatome, est intervenu en tant que fournisseur de la technologie EPR de troisième génération.
  • La biotech française Nicox, spécialisée en ophtalmologie, a signé un accord de licence avec la société chinoise Ocumension Therapeutics pour le développement et la commercialisation en Chine de son traitement du glaucome. Il recevra un paiement initial de 3 M€ et percevra ensuite jusqu'à 36,25 M€ de paiements d'étape potentiels liés au développement et à la commercialisation de son candidat médicament NCX-470, dont 2,5 M€ au démarrage d'une étude clinique de Phase III hors du territoire concerné par l'accord.

Bonne semaine à tous.

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