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Bulletin Asie : Atlab, Kayrros, Chaucer, Acquisitions chinoises en France...

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Chronique Asie, CFNEWS

Atlab, Kayrros, Chaucer, Acquisitions chinoises en France... Chaque semaine, toute l'actualité du capital-investissement et des fusions-acquisitions en Asie Pacifique...

Biotechnologies : Atlab / Telix (France / Australie)

Atlab, société nantaise développant des radio-anticorps contre le cancer, passe dans le giron du groupe coté australien Telix contre 10 M$ en actions (lire aussi l’article CFNEWS : Atlab passe sous pavillon australien). Le montant représente environ le double de ce que la société a pu lever depuis sa création, notamment auprès de Remora Capital, actionnaire principal, ainsi que de business angels et des family offices aux côtés des fondateurs Jean-François Chatal, professeur en médecine nucléaire, et Jean-Marc le Doussal.

Logiciel et services informatiques : Kayrros / Cathay, Korelya (France / Asie)

Kayrros, éditeur parisien d'un logiciel de collecte et d'analyse de données sur les marchés de l'énergie, lève 21 M€ auprès de Cathay Innovation, chef de file, de Korelya Capital et d'investisseurs historiques (lire aussi l’article CFNEWS : Kayrros vise l'Asie). Financé dès son premier tour par des fonds et investisseurs privés basés à l'étranger, l'éditeur parisien se tourne désormais vers deux VC français. Cathay Innovation mène ainsi une augmentation de capital de 21 M€ à laquelle participe aussi Korelya Capital. Deux investisseurs à la dimension très internationale, déjà réunis en début d'année dans le tour de 61 M€ de Ledger.

Services Financiers : Hanover / China Reinsurance / Chaucer (Etats-Unis / Chine / Royaume-Uni)

L’assureur américain Hanover Insurance Group vend à China Reinsurance Group son activité d'assurance de spécialités sur le marché de l'assurance du Lloyd's of London, baptisée Chaucer. Le montant de la transaction atteint 950 M$, dont 865 M$ en numéraire et 85 M$ en dividendes. L’opération permettra au vendeur, conseillé par Goldman Sachs, de se concentrer sur le marché interne et de réduire son exposition aux risques de catastrophe, d’améliorer la rentabilité opérationnelle à long terme.

Négoce : Fosun / Marex (Chine / Royaume-Uni)

Le conglomérat privé chinois Fosun International, propriétaire du Club Med, a entamé des négociations pour le rachat du courtier britannique en matières premières Marex Spectro. L’un des principaux courtiers dans le monde, la cible est aujourd’hui détenue par plusieurs fonds de PE JRJ Group, Trilantic Capital Partners, BXR Group, qui sont en entrés au capital en 2010 et cherchait à céder leurs parts depuis longtemps. Fosun International, très actif et aussi reconnu pour ses acquisitions internationales, détient aujourd’hui déjà des négociants de minerai de fer, d'acier et de pétrole. Marex Spectron a dégagé un bénéfice avant impôts de 17,7 M$ l'an dernier, en hausse de 30 % comparé aux 13,6 M$ de 2016. Le chiffre d'affaires, lui, a augmenté de 5 % à 199,1 M$. Il est nommant l’un des neuf membres du Ring de LME, place boursière de Londres spécialisée dans les contrats à terme portant sur les métaux non ferreux, détenue par l’opérateur boursier hongkongais HKEX. Ces neufs membres participent directement à la fixation des cours officiels du marché londonien. À noter que deux autres chinois CCBI Metdist et GF Financial Markets siègent déjà au Ring. Si l’opération aboutit, la Chine occupera un tiers des places du Ring de LME.

Restauration : Haidilao (Chine)

L’enseigne de restaurants de fondue chinoise Haidilao a retenu le haut de sa fourchette indicative de prix pour son introduction en Bourse (IPO) à Hong Kong, soit 17,80 HK$ (2.27 $). L’opération devrait permettre à l’enseigne chinoise de lever environ jusqu’à 1,1 Md$ pour une capitalisation boursière de 12 Md$. Fondée en 1994, la cible servit à ses clients la fondue chinoise, plat convivial et ultra-populaire en Chine, consistant en un bouillon, épicé ou non, placé au centre de la table, dans lequel les convives font cuire eux-mêmes leurs ingrédients, tout comme les fondues bourguignonnes ou au fromage. Elle exploite aujourd’hui un réseau de 332 restaurants en Chine, Corée du Sud, au Japon, aux États-Unis et à Singapour. Pour le premier semestre, elle a enregistré un chiffre d’affaires de 7,3 milliards de yuans (1,1 Md$).

Minier : Zijin Mining / RTB Bor (Chine / Serbie)

Le groupe minier chinois Zijin Mining prendra une part de 63 % dans l’entreprise publique de cuivre RTB Bor, que le gouvernement du pays avait cherché en vain à privatiser depuis plusieurs années. Zijin, troisième producteur de cuivre de la Chine et premier producteur d'or, s'est engagé à investir 1,26 Md$ dans la plus grande mine de cuivre du pays qui croule sous les dettes. Il reprendra également la dette de 200 M$ de RTB Bor et de conserver 5 000 emplois à la mine située dans l'est de la Serbie.

La Serbie avait tenté depuis longtemps de privatiser la mine de cuivre, mais plusieurs appels d'offres ont échoué faute de candidats. Pour mémoire en 2009, le pays avait jugé incomplète une offre de l’autrichien A-Tec, alors seule compagnie à avoir participé à un troisième appel d'offres. En raison d'un manque d'investissement et d'une technologie obsolète, la production annuelle de cuivre de RTB Bor a chuté à moins de 40 000 tonnes en 2005, comparé à plus de 170.000 tonnes avant 2000.

Les principaux acquisitions chinoises en France depuis janvier 2018

Au cours des trois premiers trimestres de cette année, CFNEWS a enregistré 14 acquisitions réalisées par des investisseurs chinois dans l’Hexagone (voir le tableau ci-dessous).

La plus importante est l’acquisition de Linxens par le chinois Tsinghua Unigroup auprès de CVC pour 2,2 Md€ (lire ci-dessous). Selon le Reuters, l’accord a été conclu en juin dernier mais n’a toujours pas été annoncé officiellement. Dans la conjoncture de débat sur la protection de technologies stratégiques et sensibles au vieux-continent, l’opération est en effet un test de la position des autorités européennes et françaises à l'égard des investissements chinois dans le secteur semi-conducteur.

Le géant d’internet chinois Tencent Holdings, coté à Hong Kong, a débarqué enfin en France avec une prise de participation minoritaire dans l'éditeur de jeux vidéo Ubisoft, en devenant le premier actionnaire derrière la famille fondatrice Guillemot avec 5 % de capital (lire ci-dessous). En parallèle, le fonds de pension américain, Ontario Teachers' Pension Plan, a investi 250 M€ afin de détenir 3,4 % du capital. L’opération a marqué surtout la fin du conflit entre Vivendi et la famille Guillemot pour le contrôle d'Ubisoft.

Quant à buy-out, le fonds hongkongais Baring PE Asia s’est allié à PAI Partner pour reprendre WFCI, spécialiste de la commercialisation de capacités de fret pour une valorisation d'environ 600 M€ (lire ci-dessous).

Dans le secteur textile et de luxe, préféré par les Chinois, quatre enseignes tricolores battent désormais pavillon chinois. Deux marques de luxe Bally et Lanvin ont été respectivement acquises par Shandong Ruyi (actionnaire du contrôle de SMCP) et Fosun (propriétaire du Club Méditerranée). Le groupe familial Kidiliz, leader européen de la mode pour enfant, a été repris par Semir, coté à Shenzhen (lire ci-dessous). Alors que la marque de prêt-à-porter féminin Naf Naf a été cédée par le groupe de retail Vivarte à Shanghai La Chapelle Fashion, coté à Hong Kong (lire ci-dessous).

Par ailleurs, deux investissements marquent la passion des Chinois pour les sports. Basé à Saint-Jean-de-Moirans (en Isère), la marque de ski Rossignol générant 320 M€ de revenus a ouvert environ 20 % de son capital au fonds chinois IDG Capital Partners, également actionnaire à 20 % du club de football lyonnais (lire ci-dessous). Plus récemment, Anta, leader de vêtements et d’accessoires de sport en Chine coté à Hong Kong, s’est associé au fonds FountainVest Partners pour une OPA sur son homologue finlandais Amer Sports, le valorisant 4,7 Md€. L’acquisition inclut notamment la marque française Salomon créée en 1947 à Annecy (lire ci-dessous).

Et aussi :

Automobile : PSA

Le Groupe PSA présente les avancées de la technologie V2X, développée en parallèle avec Huawei et Qualcomm, pour ses véhicules connectés en Chine, à l’occasion du salon international de l’Internet des Objets (World IoT Expo 2018), la ville de Wuxi (près de Shanghai). Cette technologie de communication directe LTE-V2X devrait être mise sur le marché dès 2020.

Automobile : Renault-Nissan-Mitsubishi et Google

Renault-Nissan-Mitsubishi s’associe à Google pour équiper ses véhicules de logiciels innovants. Aux termes du contrat qui commencera en 2021, l’alliance franco-japonaise utilisera Android, le système d’exploitation mobile le plus répandu au monde, développé par Google, pour offrir à ses clients de services à bord de ses voitures. Le partenariat a pour objectif d’apporter dans la voiture l’expérience que les utilisateurs ont sur leur téléphone comme les applications populaires Google Maps, Google Assistant et Google Play Store. Par ailleurs, la Chine n’étant pas couverte par Google, l’alliance proposera d’autres solutions dans ce pays.

Bonne semaine à tous.

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