CANVIEW

Bulletin Hebdo Asie : Pirelli, Aldebaran, O2 UK, RHJI, Papeterie Alizay ...


| 1887 mots

Chronique Asie, CFNEWS

L'actualité des deals, des investisseurs et conseils en Asie compilée par nos analystes... Quoi de neuf dans le Private Equity et le M&A en Asie cette semaine?

- Les Deals -

Automobile : Pirelli / ChemChina (Italie / Chine)

Le groupe public chinois China National Chemical Corp (ChemChina ou CNCC) devrait racheter le fabricant italien de pneus haut de gamme Pirelli, coté à Milan, sur une base de valorisation de 7,1 Md€. Ce montant exclut un endettement net qui s'élevait fin 2014 à près d’1 Md€. Cette nouvelle acquisition est signée dans un contexte où l’euro baisse contre la devise chinoise, le Renminbi. Dans un premier temps, China National Tire & Rubber, filiale de ChemChina, va racheter les 26,2 % du capital détenus par la holding Camfin, elle-même détenue à 50 % par le russe Rosneft. Le Chinois ChemChina souhaite obtenir la totalité du fabricant italien à travers une OPA en vue d’un retrait de la bourse milanaise. Fondée il y a 143 ans, la cible se positionne en cinquième place sur le marché mondial derrière ses concurrents : l’américain Goodyear, le français Michelin, l’allemand Continental, ainsi que le sud-coréen Hankook. En s’adossant au groupe public chinois, la cession pourrait offrir à l'italien un accès privilégié au marché chinois, le premier marché automobile mondial. Marco Tronchetti Provera, le P-dg de Pirelli, qui avait dirigé les négociations pour cette cession, devrait rester à ses fonctions jusqu’en 2021. Après la finalisation de l’OPA, le fabricant italien devrait intégrer Aeolus - cotée à Shanghai -, filiale de China National Tire & Rubber, en constituant un nouvel ensemble.

Pour cette opération, le banquier JPMorgan Chase & Co orchestre seul un financement colossal de 6,8 Md$ pour le compte de ChemChina. Il est très rare qu'un seul banquier occidental conseille la souscription des crédits pour l’entreprise publique chinoise dans son acquisition d’envergure à l’étranger. Le dernier exemple remonte en 2012, soit l’acquisition de Nexen par le pétrolier chinois CNOOC pour 15,1 Md$ (lire aussi : Les autorités canadiennes ont approuvé l’offre de 15,1 Md$ faite par CNOOC). Le groupe chinois s’était appuyé sur l’expertise de Citigroup pour les souscriptions de crédit-relais de 6 Md$ (bridge loan) auprès des 20 banques, dont cinq banques chinoises.

Robotique humanoïde : Aldebaran Robotics / Softbank (France / Japon)

Softbank, l’opérateur de téléphonie nippon et le premier actionnaire du groupe chinois Alibaba, passe sa part de 80 % à 95 % dans la jeune entreprise française Aldebaran Robotics. Bruno Maisonnier, fondateur et P-dg actuel d’Aldebaran, cède ainsi ses 15 % et a quitté ses fonctions opérationnelles à compter du 4 mars. Les deux parties n’ont pas communiqué de détails financiers. Fumihide Tomizawa, actuel président de la branche SoftBank Robotics Corp fondée l'été dernier, a pris le relais. Bruno Maisonnier conserve des fonctions de « conseiller spécial de Masayoshi Son - P-dg et fondateur de Softbank -, et de SoftBank Robotics ». Né en 2005, Aldebaran Robotics fabrique et commercialise des robots humanoïdes sous les marques : Nao, Romeo ou encore Pepper - ce dernier a, l’an dernier déjà été embauché chez Nestlé pour vendre des machines à café domestiques. Pour rappel, en 2008 et en 2011, il s’était entouré des fonds comme Isource, Innovation Capital, Intel Capital ainsi que Omnes Capital, à travers deux tours de table de 5 et 9,1 M€ (lire aussi la fiche d’Aldebaran Robotics dans le référentiel de CFNEWS). Pour cette cession, Gide a conseillé Bruno Maisonnier.

Télécom : Hutchison Whampoa / Telefonica / O2 UK (Chine / Espagne / Angleterre)

Le conglomérat hongkongais Hutchison Whampoa, contrôlé par le magnat de Hong Kong Li Ka-shing, a conclu l’accord pour acquérir O2 UK, filiale de téléphonie mobile de l'espagnol Telefonica en Grande-Bretagne, pour 10,25 Md£ (14 Md€). La cible devrait intégrer la filiale du groupe hongkongais Hutchison Three UK pour former un nouvel ensemble, qui deviendrait le leader en Angleterre avec 32 millions de clients, représentant une part de 41 % du marché (lire aussi : Hutchison Whampoa devrait s’emparer d’O2 UK). L’opération devrait être financée par un crédit-relais de 6 Md$ accordé par HSBC et par le fonds propre de Hutchison Whampoa. L’acquéreur ambitionnerait de réaliser immédiatement une plus-value après la finalisation de la transaction, à travers une cession de 30 % du capital. Selon une source proche du dossiers, jusqu’ici, Hutchison Whampoa a déjà entamé des discussions sur cette cession avec des investisseurs qatariens, singapouriens ou encore canadiens.

Cette transaction pourrait rencontrer un obstacle auprès des autorités européennes de la concurrence, en effet le nombre d’opérateurs mobiles passera de quatre à trois si l’opération aboutit. La pression concurrentielle devrait donc baisser et pénaliser sur le tarif les consommateurs. En Autriche, la consolidation, menée là aussi par Hutchison Three (lire aussi l’article CFNEWS : Orange boucle la cession de sa filiale autrichienne), a fait grimper les prix. Mais Hutchison Three reste confiant pour obtenir l’accord de l’acquisition, car Bruxelles avait déjà autorisé une réduction à 3 opérateurs en Allemagne, en Irlande ou encore en Autriche. Pour rappel, le numéro deux des opérateurs de téléphonie en Angleterre EE (Everything Everywhere), qui capte 32 % du marché devant Vodafone avec 24 %, devrait être racheté par l’anglais British Telecom (BT) pour 12,5 Md£. Il est aujourd’hui entre les mains du français Orange et de l’allemand T-Mobile.

Par ailleurs, Li Ka-shing procède aujourd’hui à une restructuration d’envergure des sociétés de son empire. Cheung Kong Holdings et Hutchison Whampoa, contrôlés par la famille Li, devraient fusionner. Le nouvel ensemble « Cheung Kong Hutchison » devrait se séparer quasiment de tous ses actifs immobiliers pour créer une nouvelle société Cheung Kong Properties (lire aussi : Li Ka-Shing restructure ses business).

Services Financiers : Fosun - RHJI (Chine / Allemagne)

Après le succès de l’OPA de 939 M€ sur le Club Méditerranée et l'entrée au capital du voyagiste anglais Thomas Cook Group, le conglomérat privé chinois Fosun renforce son portefeuille européen dans les services financiers. Il fait monter sa prise de participation de RHJ International (RHJI) - une holding des activités financières, coté à Bruxelles - de 19,49 % à 28,61 %, donc acquiert environ 9 % contre 59,14 M€. La transaction se réalise à travers deux filiales européennes du groupe chinois, Billion Infinity, filiale allemande à 51% (lire aussi : Fosun détient indirectement plus de 50 % de Billion Infinity) et Fidelidade, filiale portugaise d’assurance à 85 %. La cible, aujourd’hui renommée BHF Kleinwort Benson Group, est propriétaire des deux marques prestigieuses de gestion d’actifs et de merchant banking sur les marchés anglais et allemand : BHF-Bankag et Kleinwort Benson Bank (lire aussi : Fosun entre au capital de l’anglais Thomas Cook Group).

Papeterie : Double A / Alizay (France / Thaïlande)

Après une cession partielle en 2013, le site de production papeterie d’Alizay est entièrement vendu au groupe thaïlandais Double A. La seconde partie de la cession concerne l’unité de fabrication de pâte à papier. L’industriel thaïlandais, qui réalise l’essentiel de ses ventes en Asie (Thaïlande et Corée du Sud), a l’ambition de faire de son usine normande sa tête de pont en Europe où il n’était pas encore implanté. Depuis 2013, il relance déjà la production de ramettes de papier de bureau avec 176 salariés.

Pour rappel, le papetier finlandais M-Real s'était désengagé du site papetier d’Alizay, en le cédant en janvier 2013, au département de l’Eure pour 22,2 M€. Le même jour, la collectivité revendait au thaïlandais Double A pour 18 M€ les terrains et les actifs nécessaires à la reprise de la fabrication de ramettes de papier ; d’autres négociations portant sur la fabrication de pâte à papier se sont ensuite engagées, pour s'achever avec une transaction de 4,2 M€.

Services financiers : Zhong An Online Insurance (Chine)

Zhong An Online Insurance (ou Zhongan), entouré des trois géants chinois, Alibaba Tencent, Ping An - numéro deux des assureurs chinois -, devrait ouvrir son capital à des investisseurs de private equity. Il devrait céder environ 12,5 % du capital et souhaite s’introduire en bourse, très probablement à l’une des bourses chinoises, d’ici 2018. Fondé en 2013, l’assureur est un pur acteur en ligne. Alibaba est son premier actionnaire avec ses 19,9 %, Tencent - l’opérateur de service messagerie instantanée avec deux plateformes Tencent QQ et WeChat - et Ping An, revendiquent chacun 15 % du capital. Ctrip.com, le voyagiste en ligne coté au Nasdaq, est ainsi un actionnaire important.

Plusieurs sociétés chinoises dans le secteur des services financiers en ligne souhaitent s’introduire en bourse d’ici cinq ans, par exemple, Ant Financial, société affiliée au géant de l’e-commerce Alibaba et Lufax.com, filiale de Ping An. En raison de du droit des sociétés en Chine, de plus en plus de sociétés innovantes chinoises choisissent de s'introduire en bourse à l'étranger. Les investisseurs chinois ne peuvent donc partager les « fruits » de l’innovation, selon les autorités. Ces dernières ont, récemment, déjà organisé plusieurs conférences auprès des jeunes entreprises chinoises, en vue des réformes nécessaires du droit "corporate" chinois, afin de les convaincre de rester sur les marchés financiers chinois.

Levée de fonds : Alibaba / JVP (Chine / Israël)

Alibaba place plusieurs dizaines de millions de dollars dans un véhicule géré par le fonds israélien Jerusalem Venture Partners (JVP), qui se dote d’1 Md$. JVP indique qu’il est le premier GP à qui Alibaba confie un véhicule de capital-risque. Pour mémoire, le groupe d’e-commerce avait procédé à son premier investissement sur le territoire israélien en janvier dernier, dans la société Visualead qui a développé un générateur de codes-barres (QR-codes) sur smartphone. Dirigé par Kobi Rozengarten, Gadi Tirosh et Raffi Kesten, le fonds israélien a réalisé, avec succès, plusieurs belles sorties dans les sociétés de sécurité cyber : CyberArk Software (sortie via une IPO au Nasdaq), CyActive (via une cession à PayPal), CyOptics (via une cession à Avago) et XtremIO (cession à EMC).

Transports aériens : Qantas / China Eastern (Australie / Chine)

Les autorités australiennes de la concurrence pourraient bloquer le projet de joint-venture entre la compagnie australien Quantas et la chinoise China Eastern. Le projet, qui prévoyait de mutualiser le marketing et les services d’aéroport et surtout une coopération pour la liaison Sydney-Shanghai, avait été signé en présence du président chinois Xi Jinping et du Premier ministre australien Tony Abbott. Les autorités australiennes estiment que l'accord entre les deux compagnies principales des deux pays pourrait leur donner un contrôle indu sur la liaison Sydney-Shanghai. Elles indiquent que la décision pourra être finalisée après les observations qu'elles formuleront d'ici le 5 avril prochain.

Bonne semaine à tous.

Une information à nous soumettre pour ce Bulletin Asie ? Ecrivez nous à : chao.zhang@cfnews.net

CFNEWS propose désormais une API REST. Accédez à l'ensemble de nos articles et nos données depuis votre CRM. Pour plus d'informations, contactez abo@cfnews.net