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Bulletin Hebdo Asie : Quantifind, Vallourec, Sours, EuropaCity, AccorHotels...


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Chronique Asie, CFNEWS

L'actualité des deals, des investisseurs et conseils en Asie compilée par nos analystes... Quoi de neuf dans le Private Equity et le M&A en Asie cette semaine?

- Les Deals -

Big data : Quantifind / Cathay Innovation (France / Etats-Unis)

Quantifind, spécialiste du big data dans le marketing, réalise une levée de 30 M$ pour son troisième tour de table. Mené par le véhicule franco-chinois Cathay Innovation (lire aussi : Cathay Capital s’aventure dans l’innovation), ce tour a également été suivi par ses investisseurs historiques, Redpoint Ventures, US Venture Partners, Comcast Ventures, Iris Capital et AME Cloud Venture. Fondée en 2009 par John Stockton et basée aujourd’hui dans la Silicon Valley, la cible édite une plateforme intelligente, permettant d’aider les entreprise à définir leur stratégie marketing en s’appuyant sur le big data. Pour rappel, en juillet 2014, elle s’était entourée d’un groupe d’investisseurs pour une levée de 12 M$, dont participaient en lead, Comcast Ventures et Iris Capital. Pour piloter son véhicule digital, Cathay avait recruté, en septembre dernier, un ancien investisseur d'Iris Capital, Denis Barrier, basé dans la Silicon Valley.

Par ailleurs, au début du mois, Cathay Innovation avait participé à une autre levée de 35 M$ au profit d’un acteur américain du big data, Trifacta. Leader mondial dans le « data wrangling » -traitement et analyse des données collectées-, la cible avait également reçu pour ce tour des fonds d’Accel Partners, Greylock Partners et Ignition Partners.

Acier : Vallourec / Tianda Oil Pipe (TOP) (France / Chine)

Vallourec, le fabricant de tubes en acier sans soudure générant 3,8 Md€ de chiffre d’affaires, augmente sa part du capital dans son homologue chinois Tianda Oil Pipe (TOP). Déjà détenteur de 19,46 % de TOP depuis 2011, il prendrait encore 50,61 % du capital et contrôlerait ainsi à 70,07 % le groupe chinois, coté aujourd’hui à Hong Kong. L’opération devrait s’établir à 846,6 millions de dollars hongkongais (environ 100 M€). Si elle aboutit, Vallourec, conseillé par Gide et Norton Rose, lancera une OPA sur les parts restantes du chinois TOP.

L’opération intervient dans un contexte où l’Union européenne et la Chine se disputent sur la subvention pour le secteur acier en surproduction. Selon France Info, sur la seule année 2015, les exportations chinoises ont bondi de plus de 50 %, la surproduction de l’acier chinois atteindrait 340 millions de tonnes, et en Europe quelque 40 000 emplois ont été perdus dans le secteur. Déjà touché par la chute des cours du pétrole, Vallourec, qui voit son chiffre d’affaires chuter de 5,7 Md€ (2014) à 3,8 Md€ (2015), devrait faire face à la concurrence chinoise dans le segment acier. Depuis un an, l'action Vallourec a perdu près de 80 % de sa valeur, la capitalisation boursière du groupe tombant à 549 M€. Dans un plan de restructuration, il pourrait fermer deux sites français, à Saint-Saulve (Nord) et Déville-les-Rouen (Seine-Maritime).

Acier : Nippon Steel (NSSMC) / Vallourec (Japon / France)

Le groupe sidérurgique japonais Nippon Steel et Sumitomo Metal (NSSMC) renforce son partenariat avec son homologue français Vallourec (lire aussi : Vallourec se renfloue). Le groupe nippon était son actionnaire minoritaire à environ 1,5 %. L'Etat français détient indirectement près de 7,5 %, via Bpifrance et la CDC. Une augmentation de capital d’1 Md€ devrait être réservée à Bpifrance et à Nippon Steel, qui prennent chacun 15 %. Parallèlement, Nippon Steel et Vallourec prévoient de rapprocher deux sociétés filiales au Brésil, la consolidation va entraîner la fermeture de deux hauts fourneaux et d'autres installations.

Immobilier : Dalian Wanda / Immochan / EuropaCity (Chine / France)

Le groupe privé chinois Dalian Wanda investit dans le projet emblématique du Grand Paris, Europacity, initialisé par Immochan, la branche immobilière du groupe Auchan. Le montant d’investissement n’a pas été divulgué, l'AFP indique que le chinois devrait obtenir une participation minoritaire au projet. Lancé en 2012, ce-dernier, le plus grand projet français avec des investisseurs privés depuis la construction d’Eurodisney Paris en 1992, devrait s’étendre sur 80 hectares de terres agricoles à Gonesse, à 20 km au nord est de Paris, entre les aéroports de Roissy CDG et du Bourget. Desservi par la future ligne 17 du métro du Grand Paris, ce parc associera également sur 150 000 mètres carrés des espaces accessibles au grand public de culture, de commerce et de loisirs, dont notamment environ 500 boutiques, un parc aquatique et même une piste de ski dans une gigantesque salle. Avec un investissement anticipé de 3,1 Md€, dont 1,8 Md€ apporté par Immochan, Europacity devrait débuter en 2019 les travaux avec une création initiale de 4 200 emplois. Les travaux devraient s’achever en 2024 avec 11 800 emplois créés. En revanche, le projet, qui devrait construire sur un terrain agricole, fait l’objet de nombreuses oppositions : un débat public aura lieu du 15 mars au 30 juin prochain.

Créé en 1988, le groupe privé chinois Dalian Wanda intervenait au départ dans l’immobilier commercial et dans l’hôtellerie de luxe sur le marché chinois, il avait commencé son expansion internationale à compter de 2012 avec le rachat de l’exploitant de salles cinéma AMC Entertainment. Il a ensuite consolidé son leadership mondial dans ce secteur avec l’acquisition de Hoyt's Group, actif en Océanie. Par ailleurs, il s’est récemment emparé d’un studio hollywoodien Legendary Entertainment, en déboursant 3,5 Md$. Le chinois pourra apporter à Europacity son savoir-faire dans la gestion sportive. Déjà détenteur de 20 % du club prestigieux Atletico Madrid, il est également propriétaire du suisse dans le marketing sportif Infront Sports & Media (lire aussi l’article CFNEWS : Infront endosse le maillot chinois), ainsi que l’organisateur des triathlons World Triathlon Corp (WTC).

Hôtellerie : Jin Jiang / AccorHotels (Chine / France)

Propriétaire de Louvre Hotels, le groupe hôtelier chinois Jin Jiang grimpe encore au capital d' AccorHotels dont il détient maintenant 11,7 %. Il pourrait continuer de monter mais exclut toute intention de vouloir en prendre le contrôle. Le groupe chinois souhaite surtout participer à la définition de sa stratégie, via notamment la nomination d'un ou plusieurs de ses représentants au conseil d'administration. Avec cette nouvelle montée au capital, il se renforce comme premier actionnaire, devant les deux actionnaires historiques réunis, le fonds américain coté Colony Capital (5,90 %) et Eurazeo (5,18 %) coté à Paris , tous deux voués à sortir. Pour rappel, profitant d’un cours bas début février, Jin Jiang avait déjà porté sa part au capital d’AccorHotels à 6,05 %, et devenait ainsi le premier actionnaire. Jusqu’à maintenant, l’hôtelier, « ni craintif, ni anxieux », juge cette approche « amicale ».

Reste à savoir ce qu’en penseront ses investisseurs potentiels qatari et saoudien. Pour rappel, en décembre dernier, AccorHotels, dirigé par Sébastien Bazin, avait réalisé la plus grosse acquisition de son histoire en mettant la main sur le canadien FRHI (Fairmont, Raffles Hotels International) pour 2,6 Md€ (2,9 Md$) (lire aussi : AccorHotels s'étend dans le luxe). La transaction était financée sur la trésorerie du groupe (pour 768 M€), et par une augmentation de capital réservée à Qatar Investment Authority (QIA) et Kingdom Holding Compagny of Saudi Arabia (KSA), deux des actionnaires de la cible. Ces derniers devraient devenir actionnaires d’AccorHotels à, respectivement, 10,5 % et 5,8 %.

Se revendiquant numéro un en Chine et numéro cinq mondial, le chinois Jin Jiang ne cache pas ses ambitions en Europe. Fin 2014, il avait affronté AccorHotels lors du processus d’acquisition du Louvre Hôtels, coiffant notamment les marques Campanile ou Kyriad et avait remporté les enchères moyennant 1,2 Md€. L’année suivante, il acquerrait, à travers Louvre Hotels, 25 établissements auprès de Nordic Hotels, pour doubler ainsi sa taille outre-Rhin.

Agroalimentaire : Jack Ma / Château de Sours (Chine / France)

Reconnu pour sa création du géant e-commerce chinois Alibaba, le milliardaire Jack Ma acquiert un vignoble bordelais : le Château de Sours. Il rachète cette propriété au britannique Martin Krajewski. Ancien associé d'un cabinet de chasseurs de têtes dans le quartier d'affaires de la City de Londres, l’ancien propriétaire avait acquis le château bordelais en 2004 mais il a jeté l'éponge faute de rentabilité selon le titre Sud-Ouest. Château de Sours met en avant son rosé pétillant, dont l'essentiel de la production est exporté vers le Royaume-Uni, tandis que la totalité des vins du domaine se situe dans la gamme de prix inférieure à 10 € par bouteille. Le vignoble s'étend sur 80 hectares, produit 500 000 bouteilles de vin par an et comprend aussi une superbe bâtisse du XVIIIe siècle. Le nouveau propriétaire avec une fortune de 23 Md$ (environ 21 Md€) s'est engagé en décembre dernier à préserver tous les emplois des 18 salariés de ce château en Appellation d'origine contrôlée (AOC) Bordeaux. Le Bordelais compte aujourd’hui quelque 120 propriétaires chinois, y compris hongkongais, dont aucune propriété de renom. Soit environ 1,5 % de la surface du vignoble.

Des médias français ont sous entendu que la motivation de ce rachat était liée au souhaite de se lancer dans l’e-commerce du vin français, mais l'objectif serait d'être voisin de ses amis. Pour rappel, une amie proche de Jack Ma - la célèbre actrice chinoise Wei Zhao - s'est offert en décembre 2011 le château Monlot, une AOC Saint Emilion, avec son époux, l’homme d’affaires singapourien Youlong Huang, pour environ 4 M€. Le château Monlot n’est qu'à 17 km de Château de Sours. Bons amis, ils sont aussi des business partenaires, le premier étant un actionnaire très important de la division de production cinématographique d’Alibaba. Coté à Hong Kong, Alibaba Pictures avait notamment investi dans "le Dernier Loup", mis en scène par le Français Jean-Jacques Annaud, et le dernier épisode de la "Mission impossible".

Distribution : Casino / Big C / TCC Group (France / Thaïlande)

Le groupe Casino a conclu un accord avec son homologue thaïlandais TCC Group sur la cession de sa participation de 59 % dans le distributeur thaïlandais Big C, coté à Bangkok, pour 3,1 Md€ (hors dette). La transaction, qui devrait être finalisée d’ici la fin du mois, valorise la cible à environ 6,4 € par action, permettant notamment à Casino de réduire l’endettement de 3,3 Md€. Dans son portefeuille depuis 2010, la cible détient un grand réseau de 700 magasins dont 125 hypermarchés avec un chiffre d’affaires de 3,4 Md€ en 2015. L’acquéreur est contrôlé par le milliardaire Charoen Sirivadhanabhakdi, qui est notamment le propriétaire du groupe de bière ThaiBev, coté à Singapour. En raison d’un ralentissement de ses activités l'an passé, surtout en Amérique Latine, le groupe Casino avait engagé un plan de cessions .

Bonne semaine à tous.

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