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PME, ETI : la notation de crédit se mue en outil stratégique

Essentielles pour obtenir des financements, notamment dans un contexte plus incertain, les notations, qui incluent aussi l'ESG, constituent une aide à la décision pour les dirigeants. Explications par Inbonis Ratings.

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Emmanuelle Bonal, Inbonis 

Chaque année, la Banque de France met à jour ses notations de crédit (dites « cotations ») pour l’ensemble des sociétés françaises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 750 000 euros. Ce sont ainsi plus de 280 000 entreprises qui bénéficient de ce service de cotation dite « non sollicitée » , indicateur précieux sur la qualité de crédit des entreprises françaises.
Un certain nombre de complémentarités existent avec les notations de crédit réalisées par les agences privées, agréées et régulées par l’ESMA. La décision d’avoir recours à une agence de notation incombe à l’entreprise, ce qui lui permet d’avoir une documentation qui reflète sa qualité de crédit au moment où elle en a besoin (en intégrant des tableaux de bord internes, un atterrissage et même un business plan). Par ailleurs, le rendu du cran de notation de la part d’une agence est systématiquement accompagné d’un rapport d’une quinzaine de page, expliquant les points positifs et négatifs des différents risques évalués, ayant conduit à la dite notation. 
Pour sa part, la Banque de France établit ses calculs particulièrement sur des comptes audités, créant un décalage de 6 mois entre la date d’arrêt des comptes et l’attribution de la notation. Les agences de notation privées, agréées et régulées par l’ESMA, viennent alors jouer un rôle complémentaire à celui de la Banque de France pour les entreprises souhaitant obtenir une notation actuelle (car délivrée dans un délai de 10 à 15 jours ouvrés) et détaillée. 
Soulignons que sur le segment des PME et les ETI, l’attribution d’une note nécessite par ailleurs une expertise particulière pour s’adapter à la taille de l’entreprise et aux spécificités de son marché. Une importance notable doit être donnée à la gouvernance d’entreprise (équipe dirigeante, stratégie, actionnariat), sujet central pour les petites sociétés souvent construites autour de leur fondateur ou de leur fondatrice.

Un contexte d’incertitudes renforçant l’intérêt des notations de crédit

Depuis l’an dernier, la forte remontée des taux et le tassement de la croissance constituent un sujet de prudence pour les créanciers. Les entreprises à la recherche de financements ont donc tout intérêt à prouver leur solidité. Depuis 12 mois, la demande de notations de la part des entreprises a ainsi connu une croissance notable, en particulier du côté des ETI.
Malgré cette conjoncture économique mitigée, les notations de crédit attribuées aux entreprises ne se sont pas dégradées. Sur environ 500 PME et ETI notées par INBONIS depuis 2019, 8 % sont entrées en catégorie Investment Grade (note BBB ou supérieure) et 92 % sont entrées en catégorie High Yield, dont 31 % notées BB, 33 % notées B et 28 % notées CCC. Ces entreprises réalisent entre 5 et 700 millions d’euros de chiffre d’affaires par an. On notera toutefois qu’un certain nombre d’entreprises déjà fragiles en 2019, ayant bénéficié d’un prêt garanti par l’État (PGE) en 2020, sont de nouveau confrontées à des difficultés de trésorerie et peinent à faire face à leurs engagements.
 

Un sujet d’attention particulier pour les fonds de dette

Dans ce contexte, les notations de crédit des entreprises sont perçues positivement par les fonds de dette, pour qui ces notations représentent un indicateur objectif de la qualité du risque. 
Du point de vue de l’investisseur, ces notes permettent de catalyser les décisions d’investissement, mais aussi de fixer le coût du financement associé. Au-delà de la note en elle-même, le rapport d’évaluation produit par une agence privée, généralement constitué d’une quinzaine de pages, permet aux investisseurs d’avoir un regard indépendant sur la stratégie de l’entreprise, tout en bénéficiant de commentaires sur ses forces et ses faiblesses.
Dans certains cas, la notation d’une entreprise peut devenir une condition sine qua non de son financement par des fonds de dette : à titre d’exemple, les fonds participant au programme des « obligations relance » ont l’obligation de sélectionner des entreprises bénéficiant d’une notation supérieure ou égale au grade « BB- » (correspondant à 5+ en cotation Banque de France).
 

Pour les entreprises, un outil stratégique majeur

On comprend donc tout l’intérêt d’une notation de crédit pour l’entreprise elle-même. Si cette notation reflète une gouvernance solide, une bonne stratégie et une gestion efficace, l’entreprise pourra envoyer un signal positif à l’ensemble de ses partenaires et trouvera des financements plus facilement.
Si la notation n’est pas aussi élevée qu’espérée, les explications du rapport d’évaluation deviendront alors un excellent moyen, pour les dirigeants, de prendre conscience des éventuelles faiblesses de leur stratégie et d’envisager des axes d’amélioration. La rigueur de l’analyse financière permet en effet de prendre en compte certains aspects auxquels les entrepreneurs n’auraient pas pensé. Contrairement aux idées reçues, les « points noirs » à corriger ne sont pas toujours d’ordre financier : par exemple, une PME dont le dirigeant n’aurait pris aucune mesure en matière de stratégie successorale ferait prendre un risque à sa société et donc à ses créanciers, jouant négativement sur sa notation de crédit.
En somme, la démarche permet aux dirigeants de comprendre comment leur société est perçue sur la place financière et de corriger facilement certains écueils pour bénéficier d’une meilleure notation et convaincre plus aisément d’éventuels investisseurs. 
 

L’ESG, un sujet devenu incontournable

Enfin, signalons que les agences de notation prennent également en compte les aspects environnementaux et sociaux situés au cœur des critères ESG et de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Les agences peuvent ainsi attribuer une note ESG à une société en parallèle de sa notation de crédit.
Loin d’être un simple sujet de principes, l’ESG est devenu en quelques années un élément central pour la stratégie des PME-ETI et leur accès aux financements. Pour convaincre un fonds de dette, les entreprises doivent souvent disposer d’un solide argumentaire pour montrer que leur activité tient compte d’une approche responsable. Et pour cause : les fonds eux-mêmes ont développé leur politique ESG au cours des dernières années en renforçant leur niveau d’exigence, voire en créant des programmes dédiés pour amener les entreprises financées à améliorer leurs métriques ESG.
La prise en compte des critères ESG continuera de prendre de l’ampleur au cours des prochaines années avec l’entrée en vigueur de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), qui amènera de nombreuses entreprises à publier un reporting ESG annuel. Un sujet d’autant plus intéressant que, contrairement aux idées reçues, l’engagement extra-financier a tendance à contribuer positivement à la rentabilité des entreprises. C’est pourquoi il est primordial de mettre à disposition des dirigeants des outils leur permettant d’évaluer le risque qu’ils encourent sur le plan financier s’ils ne s’engagent pas dans une véritable transformation environnementale, sociétale et de gouvernance !
 

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