© Clasquin
MSC consolide ses positions africaines
Comme annoncé en décembre dernier, l’armateur suisse MSC (Mediterranean Shipping Company) s’empare d’une participation de 42,06 % (au prix de 142,03 € par action) dans le capital de la société lyonnaise de transport Clasquin auprès de son président Yves Revol et de sa holding de capital-investissement Olymp. Ces derniers détenaient jusque-là 41,4 % des titres, 44,5 % étant cotés sur Euronext Growth, et les salariés disposant de 13,6 % (le solde de 0,6 % étant aux mains de plusieurs personnes physiques). Fondée en 1864, cette entreprise de fret et de logistique a engrangé 562,1 M€ de revenus en 2023, un chiffre en baisse de 35,9 % mais à relativiser, puisque parallèlement, le nombre d’opérations de transport réalisées a progressé de 6,1 % (à 334 889). En mars 2023, la société s’était renforcée en mettant la main sur 63,52 % du marocain Timar, actif dans le transport international de marchandises, auprès du groupe familial Puech.
Évaluée autour de 327 M€ (353 M$), cette transaction - qui devrait être conclue d’ici la fin de l’année - entre MSC, via sa filiale SAS Shipping Agencies Services, et Clasquin, témoigne de la poursuite au niveau mondial de l'intégration verticale des armateurs dans le métier de la commission de transport. Après l'acquisition des participations du président Yves Revol et de sa holding Olymp, SAS compte déposer auprès de l'Autorité des Marchés Financiers (AMF), une offre publique d'achat (OPA) portant sur le solde des actions. En devenant un actionnaire significatif du spécialiste de l'ingénierie en transport aérien et maritime et en logistique overseas, le géant helvète entend ajouter une corde à son arc en s’octroyant une compétence qui lui manquait sur le continent : « MSC dispose aujourd’hui de nombreux actifs en Afrique, avec une position de leader. Il lui manquait la compétence d’organisation de transports qui doit lui permettre de développer ses flux entre l’Afrique et le reste du monde. Compétence que nous possédons chez Clasquin, puisque l’organisation des transports (maritimes, aériens, rail et route) est justement notre spécialité », avait déclaré en décembre Yves Revol, lors de l’annonce de l’ouverture de négociations en décembre dernier. Pour rappel, la compagnie privée dirigée par la famille italienne Aponte et basée à Genève avait acquis fin 2022, pour 5,7 Md€, la branche logistique africaine de Bolloré, englobant 42 ports, ainsi que la gestion de 25 terminaux et 3 concessions ferroviaires.
Canal+ diffuse au Sénégal
© Marodi TV
Après l’échec de sa première offre sur le sud-africain MultiChoice - suivi d’une nouvelle tentative qui semble mieux engagée - Canal+ vient d’officialiser son investissement dans le producteur de contenus audiovisuels sénégalais Marodi TV, avec lequel le numéro un du marché francophone de la télévision payante collaborait depuis cinq ans. Lancée en 2013 à Dakar par l’entrepreneur sénégalais Serigne Massamba Ndour, rejoint par deux anciens camarades de Télécom Paris Tech (Patrick Kengne Kamga et Nourou Dine Issaka), la cible se présente comme le chef de file de la production de séries au Sénégal et plus largement en Afrique de l’Ouest. Outre la production de séries, elle propose à la fois une plateforme de vidéos offrant aux chaînes télévisées et aux producteurs la possibilité de rediffuser leurs contenus sur Internet, mais aussi une plateforme de « social TV » qui permet aux internautes de commenter leurs émissions avant, pendant et après leur diffusion. Revendiquant six millions d’abonnés sur YouTube, et diffusant également ses programmes sur les chaînes de télévision locales et panafricaines, Marodi TV emploie aujourd’hui une cinquantaine de salariés à temps plein. Son P-dg fondateur et actionnaire majoritaire en conservera la direction si la transaction aboutit. Objectif de ce rapprochement capitalistique : d'une part améliorer la qualité et l’ampleur du catalogue de Marodi TV, avec notamment des productions dans de nouvelles langues et une future chaîne en Pulaar (langue majoritairement parlée dans des communautés en Sénégal, en Guinée, et au Mali), et d'autre part élargir la distribution à travers l’Afrique et au-delà. Le partenariat historique entre les deux entreprises avait déjà permis de diffuser des productions Marodi sur les chaînes Canal+, mais aussi de créer des séries exclusives présentées en première sur la chaîne Sunu Yeuf en langue wolof, puis en français sur la chaîne A+, accessible aux plus de huit millions d’abonnés Canal+ en Afrique. Le groupe dispose d'une présence sur le continent dans vingt-cinq pays par l’intermédiaire de seize filiales.
Et aussi...
Fort de 11 M€ de chiffre d'affaires en 2023, YouScribe, éditeur francilien d'une bibliothèque numérique en streaming, vient de se lancer au Ghana en partenariat avec le groupe coté lyonnais Digital Virgo (expert en paiement mobile et en monétisation) et l'opérateur télécoms coté sud-africain MTN, et renforce ainsi sa présence en Afrique anglophone. Soutenue notamment par Iris Capital, la Banque des Territoires, Thierry Dassault, Philippe van der Wees (holding Sodival) ou encore Charles Adriaenssen (family office Oaks), la société créée en 2010 par Juan Pirlot de Corbion constitue la plus grande bibliothèque numérique francophone et se distingue par son expansion africaine commencée en 2019 : actuellement, plus de 95 % de ses 1,5 million de lecteurs résident en Afrique.
