Ipackchem sera resté à peine trois ans dans le portefeuille de SK Capital Partners. Le fabricant de jerricans barrières en plastique pour les produits agrochimiques était entré dans le giron de ce fonds américain fin 2020, qui l’avait alors acquis des mains de Sagard en le valorisant un peu plus de 300 M€. Mais au printemps dernier, l’investisseur a souhaité remettre sa participation forte de 235 M$ (224 M€) de chiffre d'affaires 2022 en jeu et s’est donc entouré de Goldman Sachs, rejoint par William Blair pour mener à bien cette mission. « SK Capital est parvenu à dérouler le plan de croissance d’Ipackchem en deux ans plutôt que les quatre ou cinq prévus initialement, retrace Thomas Gagnez, managing director chez Goldman Sachs. Ils nous ont donc mandatés pour mener le processus de cession avec la volonté de montrer un parcours prospère sur une entreprise française, la France étant pour eux un marché important sur lequel ils veulent s'implanter durablement. » Le premier tour a été orchestré avant l’été et concentrait encore des fonds – en direct ou via une participation du secteur – et des corporates. C’est finalement le groupe américain spécialisé dans les emballages industriels, Greif, qui s’est démarqué lors du second tour des enchères en cette rentrée. Cet industriel basé près de Colombus, dans l’Ohio, fort de 6,35 Md$ (6 Md€) de chiffre d’affaires est ainsi entré en négociations exclusives en vue d’acquérir 100 % d’Ipackchem sur la base d’une valorisation de 538 M$ (512 M€). Ce prix est à rapprocher d’un Ebitda de 57 M$ (54 M€), sur 12 mois à fin septembre 2023, soit un multiple de 9,4 x.
7 M$ de synergies d’ici 48 mois
« Il y a eu une bonne traction pour ce dossier. Dans l’environnement actuel, où un certain nombre de processus de vente ont été mis en pause, il est important d’être en mesure de parler aux acquéreurs stratégiques à travers le monde, souligne Thomas Gagnez. D’ailleurs, près des trois quarts des cessions que nous avons conseillées pour le compte de fonds en 2023 ont été menées auprès de corporates. » Greif s’est donc démarqué sur le prix proposé à SK Capital, qui détient environ 90 % d’Ipackchem, en tablant sur des synergies commerciales et de coûts importantes. Le groupe américain dirigé par Ole Rosgaard et coté au NYSE espère gagner 7 M$ (6,7 M€) sur la marge 48 mois après le closing de la transaction, qu'il espère boucler durant le deuxième trimestre 2024 - notamment après le passage par les fourches caudines de l’antitrust. Greif s’est aussi démarqué dans le processus de vente grâce à son projet industriel qui a séduit le management de la cible, à la tête d’environ 10 % du capital. Emmenée par Jean-Philippe Morvan, l’équipe de direction compte conserver des fonctions opérationnelles et disposerait d’ailleurs de mécanismes d’intéressement. « Ipackchem est un acteur du plastique, dont les clients sont majoritairement issus du monde agrochimique, dont les la fabricants de pesticides, et évolue sur un marché où la réglementation pourrait changer dans les années à venir, ce qui a dissuadé des candidats, glisse une source proche du dossier. Greif dispose des moyens industriels pour s’adapter à ces évolutions de marché. Il y avait aussi un sujet avec la Russie, avec une activité sur place. L’acquéreur est lui aussi présent en Russie et sait donc gérer la compliance face à la situation internationale actuelle. »
Trois build-up en trois ans
Disposant de 14 sites de production à travers neuf pays, Ipackchem compte pas moins de 1 400 collaborateurs. Aujourd’hui basé à Paris, le groupe fondé en 1987 puise ses racines dans la Loire, vers Saint-Etienne, où est née sa première usine sur la base d’un procédé breveté permettant d’enfermer du fluor dans un emballage plastique afin de constituer une barrière pour éviter les fuites de produits dangereux. Aujourd’hui, 60 % de ses clients finaux sont issus de l’agriculture, 28 % de la chimie de spécialité, le solde étant de la pharma, des parfums et fragrances. Durant l’actionnariat de SK Capital, l’entreprise est parvenue à plus que doubler son Ebitda en s’appuyant sur trois build-up. En 2021, elle s’est emparée de l’indien MPPL, de l’américain TPG en 2022, puis de l’activité plastique de Tournaire, cette année. Toutes ces croissances externes ont été financée grâce à des lignes mises à disposition par Alcentra, le prêteur à la baguette lors du LBO ter de fin 2020. L’unitranche portée par Ipackchem se chiffrerait aujourd’hui à plus de 200 M€. Mais la société tricolore a aussi bénéficié d'une bonne dynamique en organique et va désormais se placer comme l’un des leaders de son marché au sein de Greif pour constituer un ensemble affichant un total de 31 sites de production à travers 18 pays.