Il y a un an quasi jour pour jour, Wendel annonçait son intention d'acquérir 51 % d'IK pour se positionner sur la gestion pour compte de tiers. L'investisseur parisien coté fait aujourd'hui un pas de plus en la matière, avec la reprise de l'américain Monroe Capital, spécialisé dans la dette privée. L'opération porte plus précisément sur 75 % du capital du GP, pour lesquels Wendel déboursera 1,13 Md$ (1,04 Md€) mettant ainsi la main sur une partie de l'actionnariat détenue par 23 managers de Monroe (50 %) et sur la participation du fonds Bonaccord Capital Partners (25 %). La transaction donnera également droit à Wendel - conseillé par UBS et Fenchurch - de disposer d'environ 20 % du carried interest généré sur les fonds passés et futurs de Monroe.
Axa IM Prime convié sur le deal
Le management de Monroe (épaulé sur la transaction par Goldman Sachs) conservera donc 25 % du capital après le closing de cette transaction initiale, attendu au premier semestre 2025. Un mécanisme d'earn-out d'un montant maximum de 255 M$ est par ailleurs mis en place, sous réserve de l’atteinte d’un objectif de croissance moyenne annuelle de plus de 26 % des fee related earnings d'ici 2027, auquel cas le complément de prix serait payé en numéraire. Cette acquisition se noue donc sur la base d'un multiple de 14,7x à 18,5x les FRE avant impôts 2025 en fonction du montant de l’earn-out payé (ou de 4,2 x les performance related earnings avant impôts 2025). Le solde du capital, soit 25 %, serait acquis par Wendel en numéraire dans le cadre de transactions complémentaires en trois tranches entre 2028 et 2032. Axa IM Prime pourrait également prendre part à l'opération comme minoritaire, en investissant jusqu'à 50 M$ via son fonds GP-stake Axa IM Prime Capital Partners I. Cet investissement porterait sur une partie des 75 % que s'apprête à acquérir Wendel.
Une autonomie préservée
Créé en 2004 par Ted Koenig (son actuel CEO) et établi à Chicago, Monroe Capital compte neuf bureaux aux États-Unis, un à Abu Dhabi et un à Séoul. Son équipe de 270 collaborateurs, dont 110 investisseurs, gère 19,51 Md$ d'actifs via 45 véhicules spécialisés dans le lower-mid market direct lending, l'alternative credit, les CLOs mid market ou encore la venture debt. Le GP, qui finance des sociétés de moins de 40 M$ d'Ebitda, revendique un track-record de 700 transactions initiées en direct, dans lesquelles il a investi plus de 44 Md$ pour un TRI brut d’environ 10 %. Côté LPs, la société de gestion américaine s'appuie sur environ 150 investisseurs du monde entier : caisses de retraite publiques, compagnies d'assurance (dont Axa), family offices & particuliers fortunés (20 % des souscripteurs).... et pourra bientôt compter sur Wendel. Ce dernier entend en effet « seeder » les prochains fonds lancés par le GP américain - qui conserve son autonomie de fonctionnement - pour un maximum de 800 M$ pour « soutenir la croissance de Monroe Capital et diversifier les investissements de Wendel dans des nouvelles classes d'actifs », assure le gérant français dans un communiqué. Il financera en outre les engagements de Monroe dans ses fonds, dans la limite de 200 M$. « Les GP commitments étant généralement de l'ordre de 0,7 %, cette enveloppe mettra certainement du temps à être déployée puisque cela nécessitera de lever plus de 20 Md$ », développe Laurent Mignon, président de Wendel.
31 Md€ d'actifs gérés pour compte de tiers
Après l'acquisition d'IK Partners, le rachat de Monroe permettrait à Wendel de porter sa plateforme d'actifs privés à environ 31 Md€ d'actifs sous gestion, pour 455 M€ de revenus pro forma (dont 25 M€ de carried) attendus en 2025 et près de 160 M€ de FRE avant impôts. « La base clients de IK et de Monroe est très complémentaire et nous laisse penser qu'il existe un fort potentiel de cross selling », précise Cyril Marie, directeur général adjoint stratégie et développement corporate de Wendel, qui entend mettre en place également une plateforme de levées de fonds centralisée. Historiquement tournée vers l'investissement pour compte propre, la société d'investissement cotée poursuit donc sa mue vers un modèle « hybride » en misant sur une classe d'actifs porteuse. « Le crédit privé est très mature en Amérique du Nord, mais bénéficie toujours d'un fort potentiel de croissance, notamment sur le middle market, segment caractérisé par de meilleures conditions de transactions et de fortes barrières à l'entrée pour les GPs », explique Cyril Marie, rappelant que, sur un marché de la dette privée mondial profond de 1,3 tn$, quelque 829 Md$ seraient situés sur le marché US. En milieu de journée, après l'annonce, la société d'investissement tricolore gérant 7,2 Md€ pour compte propre voyait son cours de Bourse s'apprécier de +0,91 % pour atteindre 93,8 € par action. Après l'intégration de Monroe, Laurent Mignon n'exclut pas de regarder d'autres sujets de croissance externe.