Sia Partners s’est, durant un quart de siècle, développé sur ses propres deniers pour atteindre 485 M€ de chiffre d’affaires à fin 2024. Le groupe de de conseil en stratégie et management fondé en 1999 par Matthieu Courtecuisse ouvre pour la première fois son capital à un actionnaire financier. Conseillé pour l’occasion par JP Morgan, il fait entrer Blackstone dans son tour de table contre un chèque de 250 M€. Réalisée intégralement via une augmentation de capital, cette opération offrirait moins de 25 % des titres à l’investisseur américain aux 1 100 Md€ d'actifs gérés, selon nos informations. Le dirigeant-fondateur, qui détenait jusque-là quelque 82,5 % des parts aux côtés de 150 cadres et dirigeants du groupe, reste donc largement majoritaire seul. La valorisation retenue dans le cadre de ce tour de « capdev » serait donc supérieure à 1 Md€, reflétant un multiple dans la borne haute du secteur, qui fluctue entre 15 et 25 fois l’Ebitda. Cet agrégat n’est pas révélé par Sia Partners, mais sa marge est « à deux chiffres », précise simplement la société.
Vers les 1 Md€ de revenus
« Nous avions la volonté de renforcer nos moyens afin d’atteindre le plus rapidement possible le cap du milliard d’euros de chiffre d’affaires », rappelle Sandrine Carreau, nommée en parallèle de cette levée présidente et COO du groupe. Ses fonctions vont donc se concentrer sur les opérations, le M&A et l’intégration, alors que Matthieu Courtecuisse reste CEO et va conserver la stratégie et le développement en Amérique du Nord. « Dans le cadre d’un processus compétitif, nous avons rencontré plusieurs investisseurs, mais Blackstone s’est distingué en répondant à nos critères : minoritaire, montant, autonomie préservée et soutien opérationnel. Ils ont un rayonnement mondial et leur portefeuille est riche de nombreuses entreprises qui pourraient être des clients cibles pour nous », poursuit la dirigeante. Employant 3 000 collaborateurs à travers un réseau de 50 bureaux répartis dans 20 pays, Sia Partners réalise l’essentiel de son activité sur le conseil en stratégie et management. Mais il génère aussi 13 % à 14 % de ses recettes sur les sujets d’intelligence artificielle, 8 % à 9 % via ses métiers liés au design et à la créativité, ainsi qu’environ 5 % sur le conseil en cybersécurité. Ses clients sont des grands groupes type CAC 40 et Fortune 500, des acteurs publics et des sociétés deeptech.
Accélérer les acquisitions
« Environ 50 % de l’enveloppe va se concentrer sur l’Amérique du Nord, qui est le premier marché du conseil au monde, parmi les plus dynamiques et l'un des mieux margés, évoque Sandrine Carreau. Plus globalement, l’objectif va être de poursuivre nos investissements, que ce soit dans notre marque, notre capacité à attirer et retenir nos talents ou encore notre équipe de data-scientists actuellement composée de 400 experts, dont 300 en France. » L’Hexagone reste son premier pays, pesant environ 40 % de ses revenus, suivi des Etats-Unis, où le groupe génère quelque 30 % de ses ventes. Mais la tendance pourrait s’inverser rapidement face à la croissance forte de de la société outre-Atlantique. Elle y a aussi historiquement déjà réalisé plusieurs acquisitions comme celle de Ready Set Rocket l’été dernier ou de PPT Consulting en 2022. « L’objectif n’est pas de mener des croissances externes transformantes, mais des acquisitions qui permettent de nous renforcer sur un marché, un secteur, une expertise, ou encore d’accéder à un client », précise la nouvelle présidente et COO du groupe.